Le second séminaire national sur la sécurité routière s'est déroulé, samedi dernier, à la maison de la culture de Bejaïa, sous le thème « l'impact de la vitesse sur la santé et la vie humaine », réunissant tous les acteurs de la société civile et des institutions impliqués dans le travail de la prévention des accidents de la route et le secours des victimes, venus de 9 wilayas du pays, que Chaouche Youcef, président de l'association Tariq Essalama, organisatrice de cet évènement, a dédié dans son allocution au policier le plus célèbre d'Algérie, à savoir Mohamed Lazouni, pour les quarante ans passés au service de la prévention routière. Outre les différents stands d'exposition qui participent à la sensibilisation du public, la salle de la maison de culture a abrité trois conférences analysant sous différents aspects la problématique de la sécurité routière en Algérie. La première conférence est le résumé d'une étude présentée par Hidra Younès, maître-assistant au laboratoire d'informatique médicale à l'Université de Bejaïa, sur le thème « modèle quantitatif pour l'évaluation de l'impact de la vitesse appliquée sur la sécurité routière en Algérie », qui correlle différentes variables impliquées dans la survenue des accidents en zones rurale et urbaine. L'étude montre la prépondérance des accidents dans les zones rurales et incrimine la vitesse élevée, tandis que dans l'urbain, il s'agit beaucoup plus du non-respect de la vitesse règlementaire, outre le non-respect de la signalisation, en précisant, toutefois, que ces variables n'ont pas le même effet dans le temps. La seconde conférence s'est attelée à montrer « les répercussions physiques et les conséquences organiques d'un accidenté de la route », animée par le Pr Z. Kara, chirurgien orthopédique, qui a certainement impressionné plus d'un à travers les illustrations des différents cas traumatologiques qui affectent les accidentés. Le Pr Kara a surtout insisté sur le fait que les accidents de la route ne cesseront jamais mais qu'il y a nécessité pour l'Algérie, afin de réduire le coût humain et financier, de mettre en place une organisation efficace de prise en charge, allant de l'intervention sur les lieux du sinistre, l'évacuation et l'admission aux soins, sachant que dans ce cas, la variable temps est cruciale pour la vie du patient. Outre la création de centres de traumatologie en nombre suffisant, le Pr Kara recommande également la formation de la ressource humaine pour répondre à cette urgence. De son côté, le Pr F. Gadoum a présenté des statistiques renforçant le sentiment d'une action impérative pour réduire le nombre des accidents de la route, s'interrogeant s'il n'y a pas lieu de prendre des mesures telles que l'augmentation du prix du carburant, de privilégier le transport par voie ferrée, changer la conception des véhicules, des routes et agir sur la conduite des usagers, mais aussi à doter le secteur de la santé d'hélicoptères médicalisés pour faciliter l'évacuation des victimes. Le représentant de la Gendarmerie nationale, le lieutenant Guemat Mouloud, dans sa conférence « Bilan et perspectives », confirme par les statistiques la gravité de la situation en Algérie (19.262 accidents recensés par la Gendarmerie nationale durant les trois premiers trimestres de 2014), montrant que les mesures répressives (403.872 retraits de permis durant les 9 premiers mois de 2014) est d'une efficacité temporaire, sans trop expliquer pourquoi, et préconise d'axer l'effort sur l'humain, sachant que c'est le facteur prépondérant dans la survenue d'accidents, et d'encourager les études et la recherche universitaire sur le sujet. De son côté, son collègue de l'Institut national de la criminalistique et de la criminologie de la Gendarmerie nationale, sis à Bouchaoui, à Alger, a expliqué comment les experts de cette structure reconstituent la scène du « crime », précisant que, pour l'heure, il n'y a en Algérie que 6 experts et 194 techniciens en accidentologie. Durant les débats, certains ont trouvé que la stratégie adoptée jusqu'ici pour réduire les accidents de la route n'a pas donné de résultats probants, d'où la nécessité de revoir la formation des automobilistes, d'autres considèrent que la signalisation routière, notamment la limitation de vitesse sur les routes algériennes, n'a pas été scientifiquement étudiée, alors que les derniers se sont interrogés sur le défaut de représentations des associations algériennes sur le plan international par manque d'organisation en fédération nationale, le taux de rejet excessivement bas au niveau du contrôle technique des véhicules qui est à 2% en Algérie contre 20% en Europe et la nécessité de faire davantage le dépistage de la prise de drogue par les conducteurs que celle de boissons alcoolisées.