Plus de 90% des accidents relèvent du facteur humain et 5% incombent à l'état des véhicules. Ces chiffres, communiqués lors d'un séminaire national sur la sécurité routière qu'a abrité jeudi dernier la maison de la culture Taos-Amrouche de Bejaïa, soulignent, on ne peut mieux, l'importance à accorder à la prévention et à la sensibilisation des conducteurs. Autres chiffres invoqués : si une étude réalisée en 2000 évaluait les pertes économiques à 35 milliards de dinars, les estimations actuelles sont de l'ordre de 100 milliards de dinars. Quel bilan pour Bejaia ? Le capitaine de gendarmerie Serraï a égrené les chiffres tout aussi macabres que révoltants à une assistance bien peu nombreuse, comme devaient le déplorer plusieurs intervenants. Jusqu'au 30 octobre dernier, 559 accidents ont été enregistrés à travers la wilaya dont 56 mortels, contre 536 en 2012 (50 mortels) et 516 en 2011 (68 mortels). La route fait également une moyenne de 3.500 handicapés annuellement. Les statistiques confirment que le conducteur est responsable par son comportement dans près de 90% des cas d'accidents, en raison soit de l'excès de vitesse ou de dépassements dangereux. Bien évidemment, le nombre d'accidents atteint son pic durant la saison estivale sachant que Bejaia attire de nombreux touristes, et près de 70% des accidents impliquent des véhicules légers, 17% des poids lourds et dans une proportion de 2% des bus. Toutefois, précise M. Serraï, les véhicules lourds sont la cause indirecte d'une part importante des accidents de véhicules de tourisme. La raison en est que Bejaia ne dispose que de deux routes nationales, la RN-9, qui est la voie la plus dangereuse, et la RN-26, d'autant que l'état général des infrastructures routières est mauvais et incompatible avec son dynamisme économique. Bejaia compte un parc de 141.511 véhicules dont 50.403 poids lourds et voit passer quelque 36 millions de véhicules par an. Elle compte également 24 points noirs à éradiquer en urgence, mais qui continuent de faucher des vies pour des raisons financières ou bureaucratiques. Les nouveaux permis qui sont souvent mis à l'index, sont impliqués dans 26% des accidents mais dans plus de 60% des cas, les conducteurs possèdent leur permis depuis au moins 10 ans. Au-delà des chiffres, que tout un chacun trouve suffisamment macabres, les intervenants lors des débats ont été unanimes pour appeler à l'action concrète pour non seulement sensibiliser les automobilistes afin qu'ils adoptent un comportement plus serein dans leur conduite sur les routes, quitte à user d'une répression sans complaisance, mais aussi pour assainir l'environnement (état des routes, signalisation, contrôle routier, etc.) qui incite souvent ce conducteur à la faute. Organisé par l'association Tariq Essalama Bejaia, cet évènement, qui a reçu un large soutien des autorités et sponsors (wali, APW et APC de Bejaia, entreprises et médias), a vu la participation d'un panel d'intervenants et d'exposants parmi lesquels le Centre national de la prévention et la sécurité routière (CNPSR), la Direction des transports, la Protection civile, la Gendarmerie nationale, la Sûreté de Bejaia, le Croissant-Rouge algérien, les associations Tariq Essalama de Bejaia, Les Amis de la route de Tizi Ouzou, l'association nationale des handicapés El Baraka, les associations Sécurité routière de Constantine et Don de sang de Bejaia. Les conférences ont eu pour thèmes « La gestion de la sécurité routière en Algérie », animés par le représentant du CNPSR, « Les accidents de la circulation, le danger qui menace la sécurité du citoyen », par le capitaine Serraï de la Gendarmerie nationale, « Le changement de comportement du conducteur », par M. Benhalima, docteur en psychologie, « Le contrôle technique au service de la prévention et de la sécurité routière », par Amer Selmane (Enacta), « Les nouvelles méthodes de la sécurité routière », par le lieutenant A. Ferdi de la DGSN, « Les bons comportements à adopter par les conducteurs » par le célèbre M. Lazouni, ainsi qu'un témoignage de Mme Boubergout Flora, victime d'un accident de la circulation. Il est à noter également l'organisation d'une simulation d'un accident par l'association Tariq Essalama et la Protection civile, et qu'une émission en direct de la maison de la culture sur Radio Soummam a clôturé ce séminaire.