Au niveau des grandes artères de la ville à savoir le marché «La Bastille», le grand boulevard ou encore la place des Aurès, sont quotidiennement bondées. Une grande foule est amassée devant toutes sortes d'articles proposés à la vente (habillement, produits cosmétiques, parfums, vaisselle…). A vrai dire, tous les marchés sont envahis chaque après-midi par des milliers de personnes qui font leurs emplettes en vue d'un copieux repas de l'iftar. «La faim et l'envie de manger me poussent à acheter énormément de produits sauf que, après l'iftar, je n'arrive même pas à en consommer le quart», témoigne Farid, un fonctionnaire. «On n'a pas besoin de statistiques ni d'analyses, les Oranais consomment environ trois à quatre fois plus de produits alimentaires pendant le ramadan », a confié Hamid, la trentaine, un chirurgien dentiste exerçant à la rue Larbi Ben M'hidi. Le ventre semble l'avoir remporté sur l'esprit au point où aucun intérêt n'est accordé aux nombreuses activités culturelles programmées. Fatiha, enseignante, se désole du désintéressement des citoyens pour les activités culturelles «décidément la surconsommation alimentaires réduit les dépenses pour les loisirs et la culture. Même si les programmes artistiques et culturels demeurent variés et répondent à tous les goûts ». De même pour la vente des livres qui a connu une baisse considérable durant ce ramadan, a souligné pour sa part Tahar, propriétaire de la librairie «El Qartassia» au centre ville. «D'habitude, nous arrivons tout de même à écouler la moitié des romans et autres genres de livres. Seulement, le client ne manifeste aucun intérêt pour le livre durant ce mois sacré hormis les livres religieux qui sont sollicités». Le temps consacré à l'iftar est très court. A peine le jeûne rompu, que les familles quittent leurs domiciles accompagnées de leurs enfants de tout âge ou de personnes âgées. La fraîcheur des nuits est très favorable aux sorties après la canicule de la journée. Cependant, ces sorties sont consacrées surtout à des détentes en plein air. La ville d'Oran offre aux promeneurs ses parcs, ses rues commerçantes et son front de mer. Aussi, les familles aiment bien déambuler le long des rues, l'occasion de siroter un thé à la menthe, agrémenté d'un morceau de chamia connu à Alger par «kalb el louz». Ces sorties en plein air sont leur plus grande satisfaction. Le cinéma, le théâtre ou les différents concerts de chaâbi ou andalou semblent ne pas les intéresser. Ces lieux de culture ne sont pas fréquentés d'une manière intense et régulière. Seul un public averti et connaisseur y a accès. La grande masse de la population oranaise lui tourne le dos. Le manque d'information ainsi que d'autres facteurs, semblent avoir une part de responsabilité dans cette situation car, chaque Oranais est artiste dans l'âme. Les organisateurs de spectacle privés ou publics ont ainsi le devoir de préparer et d'inciter les citoyens à aimer, assister à des soirées ayant trait à toute les formes de la culture, cinéma, théâtre, arts plastiques, musique. Pour cela, trois conditions sont à respecter : un lieu de spectacle confortable et sécurisé, la programmation d'artistes de valeur et de qualité et en dernier lieu établir un droit d'entrée conforme au niveau de vie et le pouvoir d'achat du citoyen oranais.