Considéré comme étant le marché le plus important d'Alger, le souk d'El Harrach s'est érigé en zone de non-droit, brassant des millions de dinars par la vente de produits généralement contrefaits. On y trouve pratiquement toutes sortes de produits, des voitures aux cosmétiques, vêtements, pièces détachées, brocante et autres friperies qui battent le rappel de milliers de mordus de ce type de marché. Le marché compte également la plus forte concentration, en un seul lieu, des spécialistes de l'électroménager grand public, de la vaisselle et des articles de cuisine. Au marché d'El-Harrach ou dans les autres marchés hebdomadaires et même occasionnels à Alger, les produits de grandes marques commerciales mondialement célèbres de l'habillement, l'horlogerie, l'électronique grand public, les prestigieuses maisons de lingerie féminine, d'équipements sportifs, d'articles ménagers sont cédés parfois à des prix qui font tourner la tête. Le cas du nouveau maillot de l'équipe nationale de football, fabriqué par le nouvel équipementier des Verts, est symptomatique de cette frénésie de la contrefaçon qui mord à pleines dents le marché algérien, tous produits confondus: Ce maillot floqué du logo de la firme allemande est cédé autour de 500 DA alors que le véritable maillot, qui n'est pas encore commercialisé, devrait revenir à 4.900 DA, selon une source proche de ce fabricant d'équipements sportifs à Alger. Le prix des produits contrefaits ne représente même pas le dixième du prix réel. Selon un récent bilan de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA), les pertes annuelles enregistrées par l'Algérie dans le domaine de la contrefaçon sont estimées entre 25 et 30 milliards de DA. Et, ce qui inquiète autant les professionnels du commerce que les services de répression de la fraude, c'est cette formidable expansion de la contrefaçon qui touche pratiquement tous les produits, et particulièrement les pièces détachées pour les véhicules. L'Algérie importe l'équivalent de 15 millions de DA de chaussures chinoises, soit 25.000 tonnes de marchandises, "dont 30 % sont contrefaites", avait récemment affirmé le porte-parole de l'UGCAA, M. Boulenouar. Les saisies de produits contrefaits importés frauduleusement ont atteint 1,51 million d'articles en 2008, contre 2,27 millions en 2007, selon un bilan des Douanes. La valeur des articles saisis est de 150 millions de DA environ, contre 100 millions de DA en 2007, en hausse de près de 50%. Des mesures de lutte contre ce phénomène qui gangrène l'économie nationale et met en péril la vie des citoyens, selon les services de police et de gendarmerie qui ont mis en garde contre l'importation de pièces de rechange pour véhicules défectueuses, ont été prises par les pouvoirs publics en 2009. D'autres mesures visant à ''résorber définitivement le fléau de la contrefaçon seront prochainement prises par le gouvernement'', avait assuré le ministre du Commerce, El Hachemi Djaaboub. Pour autant, les produits "made in" fleurissent sur les marchés algériens, les fameux "souks" qui commencent à perdre leur cachet culturel et social originel, mais, surtout dans l'ensemble des commerces qu'ils soient dans les grandes villes ou les villages les plus isolés du pays. "C'est notre gagne pain. On n'y peut rien. Un soulier à 200 DA ou à 1.500 DA? Faites votre choix", résume avec un ton docte le jeune Ali, qui fait de bonnes affaires en ne vendant que des produits de contrefaçon. "Et puis, qui peut se payer un maillot des Verts à plus de 4.000 DA ou un flacon de parfum d'une grande marque?", lance son voisin, qui vend des parfums provenant de pays d'Extrême-Orient.