En plus d'une virée à Ain El Fouara et des prises de photos en M'laya, des membres de l'association culturelle « Djoussour lil founoun oua et-tourath » présentent, depuis le 20 octobre, une exposition sur la M'laya au niveau de la maison de la culture de Sétif Houari-Boumediene. Elle a fait voyager ceux qui s'y sont rendus à travers le temps et ressuscité l'épopée de Salah Bey. « Nous nous sommes rendus à Constantine, Sétif, et on ira prochainement à Guelma, Annaba et Alger » nous a déclaré un membre de l'association dont l'objectif est de valoriser la M'laya, cet habit traditionnel. Le but de cette exposition est le partage et la découverte. « La M'laya constantinoise a un ruban rouge qui l'entoure et que l'on appelle « T'fifa » (il symbolise le sang de Salah Bey) tandis que chez les Sétifiennes, on ajoute à la M'laya un tissu appelé « Arouja » ( rien à voir avec L'Aajar). Il est mis sur la tête pour supporter la chaleur » nous explique-t-on. L'Aajar de Constantine (tissu blanc qui dissimule la partie inférieure du visage) est plus court que celui de Sétif. Ce voile a été adopté pour témoigner de la tristesse engendrée par la mort de Salah Bey. Toutefois, il s'est complètement raréfié et ne se porte plus. Pire, la nouvelle génération ne cherche même pas à connaître son histoire. « Depuis que nous avons commencé cette exposition, à Constantine comme à Sétif, deux ou trois personnes seulement son venues se documenter sur cet habit qui était pourtant sacré à une certaine époque. Le hall était la plupart du temps vide et quand je suis sorti dehors pour voir s'il y avait des femmes qui le portaient afin de les interroger, il n'y en avait aucune. Dommage ! » nous confie un membre de l'association organisatrice. Délaissée et oubliée « C'est à cause des jeunes filles qui refusent de le porter. Elles sont soit-disant libres ». Le constat de ce jeune homme n'a pas laissé une femme indifférente. « Les temps changent ... Et vous les hommes, pourquoi ne portez-vous pas serwal loubia et la moustache de Bab El hara ou bien les traditions n'ont été inventées que pour les femmes seulement ? » a riposté la chanteuse Hayet Zerrouk. Un avis plutôt partagé par un autre chanteur. « La M'laya a disparu car ils n'ont pas essayé de rajeunir ce style pour sensibiliser le plus de monde, car notre peuple est faussement fermé comme faussement ouvert. Il faut qu'il y ait une large ouverture et liberté d'esprit » a-t-il estimé.Effectivement, la M'laya s'est raréfiée, elle est portée par une minorité de vieilles femmes ayant connu la valeur de cet habit et son épopée. Une jeune femme confirme : « Ma grand-mère porte toujours la M'laya. Ça me fait tellement chaud au cœur. Pour l'anecdote, un jour, elle s'est fracturée le fémur en plein centre-ville. Quand les gens se sont précipités pour la secourir, ils ont essayé de lui desserrer sa M'laya ce qu'elle a obstinément refusé. Jamais je n'enlèverai ma M'laya ! » leur a-t-elle signifié.