Entre le « silence électoral », érigé en credo par la classe politique abordant l'ultime virage des législatives des grandes attentes démocratiques et la menace ombrageuse du terrorisme aux aguets, le processus de refondation nationale en Tunisie signe les urgences déclarées de la bataille décisive de la stabilité et de la légitimité pleine et entière. A l'ombre des affidés du Daech (2.000 et 3.000 Tunisiens) et de la persistance du terrorisme en action dans les monts de Chaâmbi et sévissant dans la capitale hantée par des groupes à l'image du réseau « actif » de Nabeul passant à l'acte dans le quartier de Oued Ellil, à la veille des législatives, la nouvelle Tunisie ne désespère pas de vaincre Aqmi et ses coreligionnaires pour s'engager résolument dans un avenir de paix et de prospérité. Dans ce scrutin jugé crucial, entouré de la plus grande vigilance des forces de sécurité déployées par milliers pour prévenir les risques d'attentat, la mobilisation de la classe politique dans toutes ses représentations, y compris le mouvement islamiste majoritaire d'Ennahda, participe à la marginalisation du terrorisme et à la consolidation des institutions nationales. « Nous savons que cette expérience est visée (par des groupes extrémistes) parce qu'elle est unique dans la région, elle est porteuse d'espoir », a déclaré le Premier ministre Mehdi Jomaâ lors d'une inspection des forces de sécurité et de la logistique électorale dans le nord-est de la Tunisie. Face au « contre-projet de ces gens-là, de ces groupes là », le front de résistance interne sourde une détermination sans faille de réussir une expérience présentée comme « une menace pour eux, non seulement en Tunisie mais dans la région ». La Tunisie des espérances démocratiques tient la garde ferme et bien haute. « Nous avons un dispositif sécuritaire qui monte en puissance, qui monte en efficacité...et doit encore monter en vigilance », a martelé le Premier ministre qui se veut rassurant sur le déroulement du scrutin. Un scrutin qui n'a pas encore brillé par la pertinence d'une campagne morose, certainement affectée par les désillusions citoyennes et les errements d'une transition marquant les profondes divergences entre la coalition au pouvoir et l'opposition démocratique. Mais, la compétition n'a pas encore livré tous ses secrets. Elle s'annonce féroce entre les deux pôles représentés par Ennahda appelant les électeurs à lui donner « une autre chance » et son challenger Nidaa Tounes de l'ex-Premier ministre et candidat à la présidentielle Béji Caïd Essebsi stigmatisant bien sûr la gouvernance islamiste qui « a ramené la Tunisie en arrière ». Dans une ambiance festive, la mythique avenue de Bourguiba a arbitré le bras de fer des centaines de partisans des deux favoris en compétition jugée inégale avec d'autres formations que sont les petits partis séculiers Al-Joumhouri et l'Union pour la Tunisie ou encore la coalition d'extrême gauche Front populaire. Assurément une alternative démocratique se dessine pour valider « l'exception tunisienne » qui se rapproche, lors des législatives d'aujourd'hui et de la présidentielle du 23 novembre 2014, de son heure de vérité. « J'appelle tous les Tunisiens à voter massivement car c'est un jour très important pour l'histoire politique de la Tunisie, et à ne pas avoir peur des menaces car les terroristes ont cet objectif d'empêcher les élections, la création d'une démocratie, d'un Etat de droit », a affirmé le ministre de la Défense, Ghazi Jeribi. Le peuple des électeurs (5,3 millions) scellera le verdict, par delà le choix des 217 élus à la proportionnelle parmi les 1.300 listes candidates, de la nouvelle Tunisie démocratique apaisée et consensuelle.