Hier, au Palais du peuple, à Alger, des moudjahidine, des acteurs politiques, des personnalités artistiques et sportives, des membres du corps diplomatique accrédité, des juristes, des syndicalistes et des acteurs du mouvement associatif sont venus commémorer le 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er novembre 1954. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le président de l'Assemblée populaire nationale, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ont reçu, en cette occasion, les vœux de hauts responsables de l'Etat et d'officiers supérieurs de l'Armée nationale populaire. « Le 1er Novembre marque la naissance de l'Algérie », a déclaré le président de l'Assemblée populaire nationale, Mohamed-Larbi Ould-Khelifa. « L'Algérie avant 1954 n'existait pas sur la scène internationale. Son histoire était ignorée, ses références étaient bafouées. A l'époque, quand on voulait humilier un Algérien, on disait de lui que c'est un Arabe qui ne valait rien », a-t-il rappelé. Et de poursuivre : « La lutte qu'ont menée les moudjahidine et les chouhada, qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance du pays doit rester gravée dans les annales. Aucun pays au monde n'a subi le colonialisme comme l'a subi notre peuple. Les générations futures ne doivent pas oublier les crimes commis par les autorités coloniales contre le peuple algérien. » Présent à la cérémonie malgré son âge avancé, Yacef Saâdi, l'ancien chef de la Zone autonome d'Alger, a déclaré que le 1er Novembre est une date historique qui se conjugue à l'infini. « C'est une date qui symbolise la libération du pays. Ceux qui ont déclenché la guerre ont réussi à combattre le colonisateur, beaucoup mieux doté en matériel de guerre, par des moyens rudimentaires », a-t-il souligné. « Notre génération a libéré l'Algérie. L'avenir, c'est vous. C'est à vous que revient la mission exaltante de développer le pays pour un avenir plus sûr », dira-t-il à l'adresse de la jeunesse algérienne. Pour le SG du FLN, Amar Saâdani, le 1er Novembre reste et restera « notre charte nationale ». « Le 1er Novembre, c'est le passé, le présent et le futur. Le FLN tient toujours à cette date historique chère à tous les Algériens. Notre parti restera fidèle au serment des chouhada, comme il tient à ce que l'Algérie reste libre et indépendante », a-t-il souligné. L'avenir appartient aux jeunes « pour bâtir une Algérie forte », ajoutera-t-il. Hanoune : « La fidélité aux martyrs ne doit pas être un slogan creux » La SG du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, dira, quant à elle, que le 1er Novembre ne doit pas se résumer à une date anniversaire et à des commémorations. Il s'agit de dresser le bilan et de définir les perspectives d'avenir. « Avons-nous été à la hauteur des sacrifices de nos martyrs ? Avons-nous été à la hauteur de la Déclaration du 1er Novembre ? », s'est-elle interrogée. Elle a estimé que la fidélité aux martyrs ne doit pas être un slogan creux. « Ce sont des positions politiques de défense de la souveraineté nationale, de l'indépendance du pays, de l'intégrité du territoire. C'est la défense de tous les acquis de l'indépendance. Cette fidélité est le parachèvement de cette révolution par la restitution de la parole au peuple à travers une réforme politique profonde pour construire un Etat de droit, des institutions fiables, libres », a-t-elle soutenu. Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, n'a pu retenir ses larmes en évoquant la glorieuse révolution du 1er novembre. « Je suis particulièrement ému de célébrer le 60e anniversaire du 1er Novembre 1954 qui est une date historique fondatrice de notre pays. C'est une occasion de penser à tous ceux qui se sont sacrifiés pour que l'Algérie soit indépendante. Et ils sont des millions. Je souhaite que la jeunesse reprenne le flambeau, parce que le recouvrement de l'indépendance n'a pas été sans sacrifices. Il ne faut pas oublier que la France a été une grande puissance et que le peuple algérien, pratiquement désarmé, a réussi à arracher son indépendance », a-t-il déclaré. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a, elle, fait savoir que son département souhaite développer une relation affective envers cette date mémorable qui symbolise la naissance d'une nation. Comment ? « On ne se contentera pas d'introduire des leçons d'histoire, nous souhaitons renouer avec cette date par le biais de la production cinématographique et la production artistique pour monter à nos élèves ce qui s'est passé dans leur pays », a-t-elle fait savoir. Khomri : « Je n'ai aucun doute sur le patriotisme des jeunes » Pour le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, « la jeunesse a un rôle essentiel dans la préservation de l'Algérie, de la paix et la consolidation de la démocratie. La jeunesse a besoin de sérénité et de mobilisation pour développer notre pays et le mener vers la modernité », a-t-il indiqué. Khomri dit n'avoir aucun doute quant au patriotisme des jeunes Algériens. « Notre jeunesse aime son pays. Il n'y a aucun problème à ce niveau », a-t-il martelé. Le directeur général des Archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, s'est dit très heureux de vivre cet événement. « 60 ans après le déclenchement de la Révolution, que certains avaient qualifiée d'aventure, nous constatons que le bilan est plus que positif. La Révolution nous a permis de recouvrer notre souveraineté, de construire notre pays et d'instaurer un Etat de droit. Nous avons des problèmes comme tous les pays, mais je pense que l'Algérie se porte bien », a-t-il insisté.