Un constat amer et implacable a été dressé par la Forem. 60 ans après l'indépendance, les lycéens et les étudiants ignorent les hauts faits de la Révolution. Un sondage, réalisé il y a quelques mois par la Forem, a révélé que 90% des lycéens et des étudiants de l'USTHB et de l'Ecole nationale supérieure d'agronomie (ENSA) ne connaissent pas notamment Bouamama et n'ont jamais entendu parler des enfumades du Dahra. « Il y a des lacunes impardonnables dans l'enseignement de notre histoire, notamment celle marquant 132 ans de colonisation », a regretté le Pr Khiati. « Il est inconcevable de ne pas connaître les grands événements et les dates importantes qui ont jalonné notre histoire », n'a-t-il cessé de répéter. « L'enseignement de l'histoire aujourd'hui n'est pas basée sur une bonne pédagogie », a-t-il relevé. Un livre vient d'être édité par la Forem intitulé « Les droits humains en Algérie pendant l'occupation » qui recense les principaux crimes commis par la France de 1830 à 1962 et présentés sous l'éclairage du droit humain international. Pourquoi cet intérêt pour le crime contre l'humanité ? Le Pr Khiati parle de politique génocidaire adoptée par la France en 1830. Condamnés par le droit humanitaire international, aucun de ces méfaits n'a été jugé par une cour de justice internationale ou autre institution ad hoc. Des millions d'Algériens furent pourtant tués par balle, les maladies importées (tuberculose, syphilis, choléra, typhus), la famine, dans les deux guerres mondiales et sous la torture. « Plus de 8 millions d'Algériens furent victimes de cette barbarie », a indiqué le Pr Khiati. « Pour toutes ces âmes, on est en droit de réclamer le droit moral », a-t-il soutenu. Crimes impunis Pour le Pr Fawzi Oussedik, « il est temps de poursuivre en justice la France coloniale qui se targue d'être le berceau des droits de l'Homme ». Selon lui, « le droit humanitaire préserve avant tout la dignité humaine et proclame la protection des personnes civiles ». Il a rappelé, également, que « ses dispositions restreignent le recours et l'usage des moyens de guerre, principalement les armes et les mines ». « Or, la France coloniale n'a pas respecté ces clauses. Elle a même procédé à des essais nucléaires à Reggane avec des conséquences sanitaires sur les autochtones », a-t-il expliqué. « La France est allée plus loin en promulguant en février 2003, une loi vantant les mérites supposés du colonialisme », dira le conférencier. « 60 ans après l'indépendance, les archives de la guerre ne sont pas accessibles aux chercheurs algériens », a-t-il ajouté. Se référant au droit humanitaire international, les conventions et les protocoles signés par l'Algérie en matière des droits de l'Homme, le Pr Oussedik dira que « les Algériens jouissant de la double nationalité peuvent porter plainte contre la France pour crimes contre l'humanité ». « Les crimes et les génocides ne sont prescriptibles ni dans le temps ni dans l'espace », a-t-il précisé. Il citera le cas de Pinochet appréhendé à Londres et poursuivi pour crime contre l'humanité au Chili. « Ce fut une indemnisation morale », a soutenu le Pr Oussedik. « Il faut un sursaut de la société civile, des politiques pour déposer plainte et faire reconnaître à la France ses crimes restés impunis », a-t-il conclu.