Donbass et Lougansk, les deux régions ukrainiennes qui ont proclamé leur indépendance par rapport à Kiev en mai dernier et annoncé leur volonté de former une union des républiques populaires baptisée Novorossia (Nouvelle Russie), ont consacré définitivement, dimanche dernier, leur séparation de l'Ukraine en organisant l'élection présidentielle. C'est Roman Liaguine, le chef de la Commission électorale centrale, qui l'a annoncé, hier matin, dans un point de presse à Donetsk. « Actuellement, nous disposons, après cette élection qui s'est déroulée légitimement et sans aucun incident capable d'en influencer les résultats d'un pouvoir légitime. Nous ne faisons plus partie de l'Ukraine, que cela plaise aux autres ou non », dira-t-il. Selon l'agence RIA Novosti, l'investiture aura lieu aujourd'hui 4 novembre. Lougansk Igor Plotnitski, 50 ans, l'actuel Premier ministre de la République populaire autoproclamée de Lougansk, a remporté haut la main l'élection présidentielle organisée dimanche dernier. Il a obtenu 63,8% des scrutins. Alexandre Zakhartchenko, 38 ans, son homologue de la République autoproclamée de Donetsk, a remporté, lui aussi, le scrutin présidentiel organisé dimanche dernier. Il a recueilli plus de 81,37% des suffrages. A peine élu, Zakhatchenko a fustigé l'Ukraine qui « ne veut pas la paix » et « joue un double jeu ». « Nous sommes prêts au dialogue avec eux, mais nous attendons de leur part une attitude normale et raisonnable », dit-il. La Russie, qui a annoncé auparavant son intention de reconnaître les résultats, promet de « respecter la volonté du peuple du sud-est » de l'Ukraine. Elle met en garde, toutefois, l'Ukraine qui aurait, selon certains médias, lancé, hier, une offensive militaire dans l'Est. « Il est important de prendre dès maintenant des mesures afin qu'un dialogue durable entre Kiev et les représentants de Donbass puisse se développer et nous sommes prêts à faciliter cela au mieux de nos possibilités », a déclaré Grigori Karassine, le vice-ministre russe des Affaires étrangères. « Nous partons du fait que des représentants élus des régions de Donetsk et Lougansk ont reçu un mandat pour conduire des discussions avec les autorités centrales ukrainiennes et pour résoudre, dans le cadre d'un dialogue politique, tous les problèmes qui se sont accumulés au cours des derniers mois », poursuit-il, convaincu que le peuple de Donbass, qui a suffisamment souffert, « veut une vie stable et calme ». Cette « élection est un nouvel obstacle sur le chemin de la paix en Ukraine », a estimé, dimanche soir, Federica Mogherini, la haute représentante pour la politique extérieure de l'Union européenne. « Le scrutin est illégal et illégitime, et l'Union européenne ne le reconnaîtra pas », prévient-elle. Les Etats-Unis contestent, eux aussi, la légitimité du vote que le président ukrainien Petro Porochenko a qualifié de « farce sous les canons des chars et des mitrailleuses ». Le scrutin est, selon lui, contraire à l'esprit et à la lettre du protocole de Minsk qui a permis l'entrée en vigueur, le 5 septembre dernier, d'un cessez-le-feu, violé quotidiennement depuis dans cette région où le conflit a fait plus de 3.700 morts.