Vladimir Poutine a utilisé pour la première fois en avril l'expression Nouvelle Russie pour désigner des régions d'Ukraine susceptibles de revenir à la Russie, un scénario qui semble prendre forme après les référendums de dimanche dans l'est de l'Ukraine. Après avoir proclamé leur victoire au référendum sur l'indépendance des régions de Donetsk et Lougansk, les dirigeants rebelles pro-russes de Donetsk ont officiellement demandé lundi leur intégration à la Russie. "Pour rétablir la justice historique, nous demandons à la Russie d'examiner un rattachement de la République de Donetsk à la Fédération de Russie", a déclaré Denis Pouchiline, l'un des dirigeants des insurgés. C'est au nom du rétablissement de la "vérité historique" que le président Poutine avait salué la semaine dernière le retour de la Crimée à la Russie en mars, une opération considérée comme une annexion pure et simple par Kiev et les Occidentaux. Avant même l'annonce de demande de rattachement exprimée par Donetsk, le Kremlin avait réagi favorablement au scrutin: "Nous respectons l'expression de la volonté des populations des régions de Donetsk et Lougansk et partons du principe que la mise en oeuvre pratique du résultat des référendums se fera de manière civilisée, par le dialogue entre les représentants de Kiev, Donetsk et Lougansk", a déclaré le Kremlin dans un communiqué. C'est dans une allocution télévisée en avril que le président russe avait utilisé l'expression Novorossia (Nouvelle Russie). Il avait rappelé que les régions ukrainiennes de Kharkiv, Lougansk, Donetsk (est), Kherson, Mykolaïv et Odessa (sud) ne faisaient "pas partie de l'Ukraine à l'époque des tsars, elles ont été données à Kiev par le gouvernement soviétique dans les années 1920". "Pourquoi ? Dieu seul le sait". 'Etats souverains' Le président Poutine semblait ainsi reconnaître par avance le bien fondé d'un éventuel rattachement de ces régions à la Russie et donnait ainsi un signal fort aux séparatistes pro-russes d'Ukraine. Les rebelles pro-russes de la région de Lougansk n'ont pas encore fait de demande officielle pour être intégrés eux aussi à la Russie mais ils ont annoncé envisager un référendum sur le sujet, après avoir proclamé lundi leur indépendance par rapport au reste de l'Ukraine. "C'est à toute la population de la "République populaire de Lougansk" qu'il appartient de se prononcer sur des sujets de cette importance", a souligné le porte-parole des groupes armés pro-russes locaux, Vassyl Nikitine, cité par l'agence russe RIA Novosti. L'un des dirigeants pro-russes de l'est de l'Ukraine, le "gouverneur" autoproclamé de Donetsk Pavlo Goubarev a repris lundi le concept de Nouvelle Russie cher au président Poutine. Dans une interview à la chaîne russe Rossia 24, M. Goubarev s'est félicité de "l'indépendance et de la création d'une nouvelle entité --la République populaire de Donetsk--", avant d'ajouter: "Cette nouvelle entité n'est qu'une première étape vers la grande Nouvelle Russie (Novorossia), c'est à dire l'ex-est de l'Ukraine". Mais si les insurgés pro-russes peuvent se targuer de contrôler une grande partie des régions de Donetsk et Lougansk (à l'exception notable de la plupart des unités militaires et des poste-frontières avec la Russie), ils sont très loin de pouvoir aujourd'hui envisager un rattachement des autres régions de l'est et du sud de l'Ukraine à la Russie, où les tendances séparatistes ont reçu un écho infiniment moindre. Un peu anachronique par rapport aux concepts du Kremlin liés à l'époque tsariste, la "République de Lougansk" a annoncé qu'elle allait demander la reconnaissance internationale de son statut de nouvel Etat indépendant et s'adresser en ce sens à l'ONU. "Nous sommes en train de préparer un projet de requête pour notre reconnaissance par les Nations Unies et la communauté internationale", a déclaré lundi un porte-parole des rebelles pro-russes à des journalistes à Lougansk.