Poétesse, écrivaine, journaliste et enseignante, elle sort son premier livre, « Ablation », chez Alpha qu'elle a dédicacé. Pleine de vie, Amina Saïd Hazam parle de son « nouveau-né ». On constate d'emblée un petit clin d'œil à Kateb Yacine... C'est fait sciemment. Kateb Yacine a souffert de voir nos langues se retrouver, finalement, « orphelines ». Ce livre parle d'une ablation physique, celle qu'a subie ma maman, mais aussi d'autres formes d'ablation comme celle de la langue. La langue maternelle ; les langues arabe et tamazight en l'occurrence. Elles sont reléguées en marge par rapport à la langue française, que j'adore aussi. J'écris dans la langue de Molière, mais je souhaiterais que nos langues maternelles se positionnent comme langues maternelles et jouissent des avantages de celles-ci. Que le français se contente de son statut de langue étrangère. Je traite aussi de l'exil, une autre forme d'ablation s'étant inspirée de l'hospitalisation de ma mère en France. C'est votre première expérience dans l'écrit. Avez-vous rencontré des difficultés ? A vrai dire, je n'ai pas eu de difficultés vu ma formation et mon métier de journaliste. C'était simple d'écrire, surtout que j'ai acquis la technique rédactionnelle. Ecrire sur l'ablation du sein de ma mère, l'ablation de ma patrie, sur ma langue mère fut, par contre, douloureux. On a remarqué que vous ne vous mettez pas en avant dans votre recueil de poésie. Pourquoi ce retrait ? Certes, je ne me mets pas en avant. Toutefois, j'ai essayé de me mettre en recul pour laisser la place au lecteur de se situer aussi. Je suis présente dans mes écrits. Je partage cette douleur. Pourquoi avoir choisi, comme registre d'écriture, la poésie ? C'est sorti comme ça. J'ai écrit d'une façon spontanée. Un jour, j'écrirai peut-être un roman mais j'aime le faire spontanément et non parce que la poésie ne se vend pas bien en Algérie. Je prends ce risque. Tant que ce que j'ai à dire sortira en poème, j'écrirai en poème. Je ne me forcerai pas au changement pour des fins mercantiles. Des projets ? J'ai plein de poèmes à publier sur divers sujets comme l'Algérie, la condition féminine, l'homme...