En cette matinée funeste, ceux qui ont assisté au déferlement apocalyptique des eaux n'oublieront pas de sitôt ces images de fin du monde. L'horreur de ce samedi 10 novembre constitue toujours un traumatisme. La furie des eaux a emporté hommes, femmes, voitures, arbres, rêves et souvenirs. C'était une vision dantesque. Certains spécialistes avaient qualifié ce phénomène de mini-tornade. Après l'enterrement des morts, la vie, toujours plus forte, a repris le dessus. La plupart des sinistrés ont été relogés et dédommagés. La boue évacuée et les ruelles dégagées dans les mois qui ont suivi. Les traumatisés ont été pris progressivement en charge. Treize ans après la catastrophe, l'on peut supposer que la plaie est pansée. Le quartier a pris un nouveau visage. Ne demeure dans les mémoires que le grand élan de solidarité des jeunes de Bab El Oued. Ces derniers ont bravé les dangers sans moyens adéquats et se sont constitués en groupes pour prêter main-forte aux pompiers et à l'armée. C'était des moments très forts où certains ont laissé la vie et leur bravoure reste ancrée dans les mémoires. Actuellement, le quartier offre un autre aspect. Un grand jardin à deux pas du siège de l'APC a remplacé un immeuble vétuste rasé au lendemain des inondations. C'est une bouffée d'oxygène pour les habitants. La peur et la panique ressenties à la moindre averse font, désormais, partie du passé. La route menant de Bab El Oued à Chevalley a été complètement reconstruite. Un collecteur des eaux pluviales a été réalisé. Ainsi, les eaux pluviales d'oued m'Kessel ne déborderont plus et se déverseront carrément dans la mer. La reconstruction a été menée tambour battant. Les vieux immeubles, durement touchés, ont été détruits pour laisser place à des aires de loisirs. De nouveaux projets sont apparus, notamment la mise en service du téléphérique très attendue dans ce quartier populeux. Ce dernier relie les communes d'Oued Koriche à Bouzaréah sur une longueur de 3 km. La durée du voyage est de 12 minutes. Ce moyen de transport était très attendu par les habitants perchés sur les hauteurs et dont les autres moyens de transport traditionnels sont boudés à cause des chemins escarpés. D'autres projets de proximité verront le jour prochainement à l'image de plages artificielles. Il n'y a pas longtemps, le wali d'Alger avait inspecté les travaux qui avancent à un rythme soutenu. Les habitants de Bab El Oued auront leur plage juste en traversant la route principale. Les enfants ne sont pas oubliés, puisque le projet d'aménagement du littoral de la commune comprend deux piscines pour eux. La promenade des Anglais de la petite baie est complètement achevée, au bonheur des amoureux de la Grande Bleue, les amateurs de pêche de plaisance sans oublier les rêveurs à la recherche d'évasion. Parmi les autres projets inscrits, il y a lieu de citer aussi le métro. La ligne d'extension de ce dernier traversera Bab El Oued en 2018. Des relevés ont été déjà effectués au niveau du boulevard Mira et de la rue Montaigne. La première station qui sera inaugurée sera en face de la mosquée « Ennasr ». Devant creuser à des profondeurs de 40 m, l'effet de ces travaux sur les bâtisses situées sur cet axe doit être évalué. D'ores et déjà, certains immeubles vétustes sous lesquelles passera le métro ont été recensés pour être détruits. Bab El Oued a, désormais, le regard tourné vers l'avenir.