Les pouvoirs publics ont-ils tiré les leçons de cette catastrophe naturelle ? A chaque saison hivernale, la sonnette d'alarme est tirée pour prendre les mesures nécessaires et éviter que ce drame se reproduise. Mais les origines des inondations ne sont pas neutralisées dans toutes les régions. En outre, certaines APC n'ont pas effectué les travaux de curetage en prévision de la saison des pluies. Les réseaux d'assainissement et les avaloirs ne sont pas tous rénovés, alors qu'ils sont à l'origine des inondations. C'est ce qui ressort des différents rapports transmis aux autorités. La Gendarmerie nationale et la Protection civile avaient constaté que le manque d'entretien des réseaux et des avaloirs était parmi les causes principales des inondations, des pertes humaines et matérielles. Pour éviter de tels scénarii, la Direction de la sécurité publique (DSP) du commandement de la GN a insisté, dans ses recommandations adressées aux autorités publiques, sur la nécessité d'entamer les travaux d'entretien bien avant le début de l'hiver. Les rapports de la GN sur les saisons précédentes ont relevé plusieurs insuffisances, notamment l'absence de signalisation et d'éclairage sur les routes, l'inondation des chaussées. Les représentants de la GN au sein des commissions de wilaya ont appelé à l'application du plan spécial saison hivernale, dès la fin de l'été, pour assurer une meilleure efficacité des mesures prises. Au niveau interne, le commandement de la GN a procédé à la mise en place d'un dispositif préventif. Il consiste en la mobilisation des Unités de la sécurité routière (USR), notamment sur les axes routiers, qui enregistrent le plus grand nombre d'accidents de la circulation. « A chaque hiver, les routes inondées causent des désagréments aux automobilistes et des accidents mortels. Il est urgent d'intervenir à temps », recommande la GN. Un travail de sensibilisation est également lancé à l'attention des automobilistes au niveau des barrages fixes de la GN afin de respecter le code de la route et orienter les usagers dans les cas de déviation ou de fermeture des tronçons. Du côté de la Protection civile, la direction de cette institution a saisi les walis pour l'actualisation du plan de la saison hivernale, à travers l'entretien des réseaux d'assainissement et des avaloirs et la rénovation des fossés ainsi que l'enlèvement des ordures et autres gravats. Sur le plan opérationnel, la DGPC a réactivé le plan d'intervention contre les risques d'inondations et d'asphyxie par monoxyde de carbone, à l'occasion de la saison hivernale. « Toutes les unités opérationnelles de la Protection civile ont mobilisé leurs matériels, notamment les motopompes afin d'assurer une intervention efficace », assure un cadre de la Direction d'organisation et coordination des secours (DOCS). La DGPC a mis également en place une cellule de suivi pour organiser les interventions des sapeurs-pompiers et de leurs partenaires. « La Protection civile a recouru à la cartographie dans le déploiement de ses moyens humains et matériels à travers un Schéma de wilaya d'analyse des risques (SWACR), qui définit les zones à risques », précise le même responsable. La Protection civile a tracé un plan d'action à trois temps : information et prévision, prévention et organisation, intervention et déclenchement du plan Orsec-wilaya. Les premières victimes de l'hiver Les asphyxies au monoxyde de carbone constituent l'un des risques les plus répandus durant l'hiver. Comme à l'accoutumée, la Protection civile a lancé une campagne de sensibilisation dans les 48 wilayas, particulièrement sur l'utilisation des appareils de chauffage. Les unités de la Protection civile ont déjà déploré les premières victimes de l'hiver. Ainsi, selon la DGPC, une personne a trouvé la mort asphyxiée par le monoxyde de carbone émanant d'un appareil de chauffage dans la commune de Sidi Amar, wilaya de Saïda. A Sétif, l'explosion de gaz à l'intérieur d'une habitation (R+1), à la cité 20-Août, dans la commune de Salah Bey, a causé le décès d'une personne et une autre blessée ainsi que quatre autres choquées, qui ont été évacuées vers l'hôpital d'Aïn Oulmane. L'explosion a engendré des dégâts matériels considérables, ce qui a nécessité la mobilisation de 7 équipes d'intervention de la Protection civile. A Alger, un adolescent de 14 ans a trouvé la mort dans l'effondrement d'un mur à haï Remli, dans la commune de Gué de Constantine. Selon le chargé de la communication de la DPC d'Alger, le lieutenant Sofiane Bekhti, la victime jouait avec son copain à proximité de l'ancienne briqueterie, quand une partie du mur s'est effondrée, le blessant mortellement. Côté juridique, plusieurs textes ont été mis en œuvre, dont l'instauration d'une assurance obligatoire pour tous les logements. Une délégation des risques majeurs a été instituée par décret. L'Algérie dispose aujourd'hui d'un système d'alerte permettant d'avoir une prévision suffisamment éloignée dans le temps pour mobiliser les moyens et alerter les populations face à un danger naturel. Ce système concerne les risques d'inondations, essentiellement basé sur les prévisions de la météo. S'agissant des interventions, les capacités opérationnelles des premiers intervenants, à savoir les sapeurs-pompiers, ont été renforcées par une formation spécialisée et spécifique. Mais la prévention et la prise de mesures à temps restent la solution la plus efficace pour un hiver plus sécurisé, estiment les spécialistes.