Photo : Makine F. C'est un valeureux officier de l'ALN qui vient de disparaître à l'âge de 79 ans. Abdelkrim Hassani était un de ces étudiants qui, en mai 1956, avaient répondu à l'appel du FLN pour une grève des cours. Il fait partie de ces jeunes qui, même s'ils sont originaires de l'est du pays, constitueront l'ossature de l'état-major de la Wilaya 5. Ce dernier était installé au Maroc où Hassani se rendra en 1956. Il sera un cadre versé dans les transmissions qui, sous la direction de Boussouf qui avait pris la place de Ben Mhidi à la tête de la Wilaya 5, prirent de plus en plus d'importance. Le nom de guerre de Hassani sera El Ghouti. Il dirigera à ce titre l'école de transmission mise en place par Abdelhafid Boussouf. Il sera aussi responsable de la base Didouche près de Tripoli où furent entreposées les archives de la Révolution algérienne qu'il remettra aux responsables de l'Etat en 1962. Ce parcours militant sera retracé dans un livre intitulé «Guérilla sans visage» coédité par l'ENAP et l'OPU en 1988. Un autre ouvrage sur le même sujet sera édité en langue nationale par le Musée national du moudjahid en 1995. C'est un voyage dans les arcanes de cette guerre des ondes où l'interception et le déchiffrage des messages de l'ennemi étaient une arme redoutable. Avec d'autres œuvres comme celles éditées plus récemment par Bezouiche, Lemkami, nous pénétrons dans cette organisation redoutée par les services français. Un demi- millier de techniciens et de chiffreurs sera formé tantôt en Tunisie et tantôt au Maroc par la direction des transmissions S'étant retiré de l'armée après l'indépendance; celui qui allait épouser la sœur du chahid Larbi Ben M'hidi occupera de nombreuses hautes fonctions dans l'appareil de l'Etat. Il fut successivement directeur des transmissions à la présidence de la République puis au ministère de l'Intérieur avant d ‘être nommé chef de cabinet au ministère de l'Intérieur. En 1976, il fut nommé directeur général de la Fonction publique. Resté fidèle au FLN, il sera député et membre du comité central. L'homme étant devenu un opérateur économique, il sera un membre actif du Patronat. Il dirigea la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA). Après avoir soutenu le président de la République en 1999, il avait envisagé en 2004 de briguer la magistrature suprême. Abdelkrim Hassani n'était pas un retraité inactif. Il était membre actif de l'AN MALG, association qui regroupe depuis 1990 les anciens de ce corps considéré comme fondamental dans la marche de la Révolution. Il n'hésitait pas à intervenir dans les débats publics. Sa silhouette était familière dans les rencontres autour de l'histoire de la Révolution. Il y a quelques mois, il évoquait la figure de Nelson et auparavant celle de Fernand Yveton. Se confiant volontairement à la presse, il avait évoqué il y a encore quelques mois les circonstances de l'assassinat de Ben M'hidi et de Abane Ramdane. Pour élucider le mystère de la mort du premier, il n'avait pas hésité en compagnie de son épouse à rencontrer à Paris en 2002 le général Bigeard. Sa dernière réaction toute de mesure et de pondération a été suscitée par la publication par Saïd Sadi d'un livre sur le colonel Amirouche.