Le troisième round des négociations informelles entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique «sans conditions préalables» et de «bonne foi» débutera aujourd'hui à Manhasset, près de New York, sous l'égide des Nations unies. Un fait planera sur cette réunion qui succède à celles tenues en Autriche en août 2009 et à New York en février 2010 : la décision sahraoui, près de 30.000 déjà, d'opter pour l'exode et de construire des camps de réfugiés à proximité des villes occupées. Comme El-Ayoun, Smara et Boujdour. Les Sahraouis qui se rendent à cette réunion de deux jours avec de «bonnes intentions» pour «examiner les voies et moyens de surmonter l'impasse actuelle» et «trouver une solution» qui garantira leur droit à l'autodétermination conformément aux résolutions de l'ONU sont dans une «position confortable». Ne posant aucune condition, hormis les exigences contenues dans les différentes décisions de l'Assemblée générale et de la résolution du Conseil de sécurité, ils se demandent en se rendant à New York si les Marocains sont prêts à discuter d'un référendum sous l'égide de l'ONU. D'autant que celle-ci estimant le statu quo est «intenable à long terme», presse et le Polisario et le Maroc à faire preuve de volonté politique pour surmonter leurs divergences. Même si Christopher Ross, en sa qualité d'émissaire des Nations unies dans la région depuis janvier 2009, renvoie dos à dos les deux parties, il n'omet pas de rappeler au Maroc, la puissance occupante, la nécessité de chercher avec le Polisario une solution politique juste, durable et qui garantit au peuple sahraoui l'organisation du scrutin référendaire promis en septembre 1991. Un rappel qu'il a fait précéder en juin dernier par une lettre à l'Espagne qui est, selon le droit international, la puissance qui administre toujours le Sahara occidental, et au «Club des Amis du Sahara occidental» (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Espagne), pour leur demander de faire pression sur le Maroc qui entrave le dialogue «sans préalable» auquel souscrit le Front Polisario. Entrave que Rabat réconforte en fermant les portes aux négociations. Comment? En remettant sur le tapis comme à l'accoutumée, sa proposition d'une large autonomie au Sahara occidental comme seule et unique solution. Une solution que les Sahraouis sont prêts à intégrer à côté de deux autres choix : l'indépendance ou le rattachement pur et simple au Maroc. Cloué au pilori par les instances et les ONG internationales, Mohamed VI s'en prend, comme à son habitude, à l'Algérie. Dans un discours particulièrement véhément qu'il a prononcé samedi soir, il a tenté d'inverser les rôles. Il demande à la communauté internationale qui ne cesse de l'interpeller de mettre fin aux violations des droits de l'Homme au Sahara occidental, et à la «répression» que subissent, selon lui, les réfugiés sahraouis en Algérie. Aminatou Haïdar qui a été contrainte à une grève de la faim de 32 jours, Najem Garhi, 14 ans, qui a été fusillé à bout portant et enterré de nuit, les militants des droits de l'homme qui croupissent dans les geôles marocaines, les journalistes et les parlementaires étrangers interdits d'entrée au Sahara occidental peuvent sourire. Ross qui a effectué en octobre dernier sa quatrième tournée dans la région et émis l'espoir que ces négociations permettent «d'ouvrir la voie à des pas tangibles vers le règlement escompté» fera un communiqué, à l'issue de ces pourparlers à huis clos en présence de l'Algérie et de la Mauritanie, les deux pays voisins du Sahara occidental, un territoire classé « non autonome» depuis 1966 par l'ONU. Les Sahraouis qui estiment que les déclarations du roi du Maroc, Mohamed VI, «entravent les efforts pour le règlement du conflit », s'exprimeront. Les Marocains aussi.