« Nécessité d'aller vite vers un accord de paix, de trouver une solution pacifique à un conflit qui a trop duré ». Tel est le maître mot que tous les intervenants ont répété à l'ouverture du 4e round du dialogue intermalien. Un round qualifié tantôt de « critique », tantôt de « crucial » pour la suite de ce processus de paix qui pourrait prendre plus de temps que prévu. Les Mouvements armés du nord (signataires de la Plateforme et de la Déclaration d'Alger) doivent commencer aujourd'hui avec le gouvernement et sous les auspices de la médiation algérienne, un texte censé ouvrir la voie à la signature, si possible à la fin de la semaine, d'un accord de paix définitif. « Nous sommes à un carrefour où il faut choisir de préférence la paix (...). Nous devons faire des compromis et des concessions » pour résoudre le conflit du Nord malien, déclare Arnauld Akodjenou, le représentant des Nations unies et chef de la Minusma avant de demander aux représentants des mouvements politico-militaires et du gouvernement malien de bien « étudier » les propositions que la médiation leur a faites en octobre dernier et de s'élever au-dessus des intérêts partisans. « Plus vite nous choisirons de faire la paix, mieux cela vaudra pour qu'ensemble nous constituerons un front uni contre les ennemis de la paix », leur dit-il. Tous les intervenants qui lui ont succédé (Cédéao, UA, OCI, UE, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, Tchad et Nigeria) ont transmis quasiment le même message aux Maliens : « faites plus d'efforts, trouvez des compromis pour un accord, car la situation sécuritaire dans la région est délicate et ouvre la voie au terrorisme » et « laissez de côté vos querelles, vos chantages ». « Nous n'avons pas d'autres choix que d'aller de l'avant pour un accord entre Maliens et pour les Maliens », conclut Aboudou Touré Cheaka, le représentant de la Cédéao, avant de demander aux Maliens de « mesurer leur responsabilité » car nul ne peut trouver une solution à leur crise en dehors d'eux et sans eux. Les Africains affichent leur optimisme Djindjer Dominique, Iliya A.D.Nuhu et Abdoulhamid Hagira, respectivement ambassadeur du Burkina Faso, du Nigeria et du Tchad à Alger, ont mis en garde les Maliens contre tout manquement à leurs engagements u toute tentative de vouloir « faire du sur-place ». Smaïl Chergui, Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, qui s'est réjoui de la reprise dans les délais, de la présence de toutes les parties maliennes et de la disponibilité sans faille de l'Algérie, dira : « Nous avons constaté des avancées significatives dans les négociations. Les parties ont porté des observations de fond sur le document proposé par la médiation ». Et d'ajouter : « l'Union africaine a relevé de nombreux points de convergences » qui devraient « encourager » les parties à faire de nouvelles concessions en vue de parvenir à un « accord consensuel. Les parties maliennes doivent s'y engager à travers des décisions pragmatiques et indispensables pour finaliser encore les quelques points en discussion et aller résolument vers notre objectif commun : la signature d'un accord définitif et global », attendant des uns et des autres plus d'« efforts conséquents » durant cette session. Du gouvernement ? Il attend des concessions à la fois novatrices et généreuses dans le respect des principes déjà convenus dans la feuille de route et qui permettront aux populations du Nord une « représentativité au sein des institutions nationales et une participation plus effective à la gestion des affaires locales ». Des groupes armés, dont il dit comprendre le « besoin de changement profond » ? Il attend un peu plus de « réalisme ». Des changements qui ne sont viables, prévient-il, que s'ils sont réalistes, d'abord et acceptés ensuite par les populations concernées dans leur diversité historique, sociale et culturelle. Les signataires de la Déclaration d'Alger font de la résistance Un appel que le gouvernement et les représentants de la plateforme disent avoir entendu. Abdoulaye Diop, le ministre des Affaires étrangères, est convaincu, dit-il, qu'il faut aller vite. « Nous ne ménagerons aucun effort pour sortir le pays des ténèbres de la violence, de la haine et de la destruction et restaurer la paix et la sécurité », indique le patron de la diplomatie malienne. Selon lui, l'espoir est permis car la situation sur le terrain est relativement calme. « Face aux terroristes qui visent à ralentir le processus de paix d'Alger par les actes ignobles qu'ils commettent de temps à autre, nous ne devons en aucun cas nous détourner de notre noble mission de contribuer qualitativement au rétablissement de la souveraineté et la restauration de la paix au Mali », martèle-t-il avant de s'adresser aux mouvements politico-militaires du Nord : « le monde nous regarde, prenons nos responsabilités et notre courage pour faire la paix des braves et saisir la chance des négociations d'Alger pour reconstruire le Mali conformément aux aspirations de la population ». « Nous tendons notre main à nos frères et sœurs de la coordination pour nous retrouver et parler le même langage pour reconstruire ensemble le Mali », déclare Ahmed Ould Sidi Moussa, le représentant de la plateforme, réitérant comme lors des précédents rounds l'« engagement de son mouvement à contribuer au retour, sans délai, à la paix et la stabilité au Mali tout entier ». Les signataires de la Déclaration d'Alger (Mouvement national de libération de l'Azawad, Haut conseil pour l'unité de l'Azawad et le mouvement arabe de l'Azawad, dissident) font de la résistance. A la différence de ceux de la plateforme, ils posent la crise du nord malienne dans un cadre de deux entités distinctes, l'Azawad et le Mali. Tout en dénonçant le comportement de l'Etat malien accusé de « violences de masse » chez eux, ils estiment qu'ils n'ont pas eu de réponse aux questions qu'ils ont posées à l'ouverture de ce dialogue en juillet dernier. Et sans réponse, pas d'accord possible selon eux. « Nous réaffirmons notre ferme détermination à œuvrer à trouver une solution adéquate, prioritairement pacifique, dans le cadre des aspirations légitimes des populations de l'Azawad », déclare Ambayri Ag Aïssa, leur porte-parole. Et de se faire plus précis : « nous voulons une vraie paix pour l'Azawad et le Mali, mais pas à n'importe quel prix. Nous ne voulons pas d'une paix qui soit prise en otage par les spéculations ». Sur sa lancée, il se démarque des attentats qui ont ciblé cet été les soldats de la Minusma. De fait, une nouvelle question s'invite au Mali : qui tue les Casques bleus ? Le gouvernement et les groupes politico-militaires activant au nord ont condamné ces actes. Au Mali, selon la presse locale, la population qui est « fatiguée » par cette crise du Nord qui s'éternise, suit de très près ce 4e round et souhaite un accord durable dès que possible.