Une délégation de l'Union européenne conduite par Bernard Savage, chef de la division Maghreb du service européen pour l'action extérieure, est allée à la rencontre de partis politiques algériens. Le FLN, la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), le Pôle des forces pour le changement sont pour le moment les forces politiques consultées. Quelle interprétation peut-on donner à cette démarche ? Pourquoi la délégation de l'UE a choisi ce moment précis pour tenir ces consultations et dans quel objectif ? Le chargé de la communication du FLN, Saïd Bouhadja, n'y est pas allé par quatre chemins pour accuser la délégation de l'UE de vouloir s'ingérer dans les affaires internes de l'Algérie mais aussi de tenter d'établir un contrôle sur le processus démocratique de notre pays qui « est mené à bien par nos institutions et de la manière la plus naturelle ». Bouhadja soutient que l'UE veut exploiter la situation politique de la région pour dicter sa propre vision et ses règles. L'Algérie est une puissance régionale qui n'a pas besoin de recevoir des directives sur sa façon de gérer ses affaires, indique-t-il. Les mêmes propos sont tenus par la chargée de communication et porte-parole du RND, Nouara Djaâfar. « C'est perdu d'avance si l'UE vise à travers cette démarche à s'ingérer dans les affaires de notre pays », résume-t-elle. A ses yeux, il n'y a aucun raison qui justifie cette initiative : « L'Algérie est un pays stable. Nos institutions sont stables et légitimes. C'est une réalité incontestable démontrée par le terrain », soutient-elle. Et d'ajouter que le RND ne s'inscrit pas dans cette logique qui vise l'ingérence dans les affaires internes des pays. « Nous ne voulons pas de ceux qui veulent semer la zizanie. Nous sommes en train de consolider notre démocratie. Même si nous avons des problèmes, c'est à nous de les résoudre », tonne-t-elle. Pour elle, les Algériens ont retenu la leçon et sont aujourd'hui conscients des étapes à franchir pour relever les défis. A l'opposée, Djamel Benabdeslam, président du Front de l'Algérie nouvelle et membre du Pôle des forces pour le changement, refuse de parler d'ingérence. Son argument : la délégation de l'UE a été reçue même par les partis au pouvoir, à l'image du FLN. Mais pas tout. Il a fait savoir que le Pôle des forces pour le changement a profité de cette rencontre pour lancer un message claire à la communauté internationale, à savoir que l'Algérie est un pays pivot dans la région, capable de régler seul ses problèmes mais aussi de jouer un rôle-clé dans la résolution de crises dans la région. Pour sa part, le Front des forces socialiste (FFS) a indiqué sur son site Internet que les deux parties ont procédé à l'évaluation des relations algéro-UE ainsi que de nouvelles mesures migratoires prises par l'UE et leur impact sur nos compatriotes. Les accords transatlantique-Union européenne-USA et leur impact sur les pays tiers, notamment l'Algérie, et la politique de l'UE en direction de l'ensemble maghrébin au-delà des relations bilatérales avec chaque pays, ont également été abordés lors de l'entrevue, ajoute-t-on. Par ailleurs, le FFS a présenté son initiative pour une conférence nationale de consensus à ses hôtes européens avec qui « les échanges ont été francs et cordiaux », a conclu le FFS. « Nous ne faisons aucune intervention » « Nous ne faisons aucune intervention dans les affaires internes des pays, ce n'est pas de nos habitudes », a déclaré l'ambassadeur de l'UE en Algérie, Marek Skolil, à l'issue de son entretien, mercredi dernier, avec le SG du FLN, Amar Saâdani. Interrogé sur les velléités d'ingérence qui découleraient de ces consultations, il a expliqué que ces entretiens s'inscrivent dans le cadre de l'accord d'association qui prévoit des discussions dans différents domaines. « Notre but est d'écouter, d'établir un genre de contact régulier tous les deux à trois mois. Nous nous rencontrons à Alger, à Bruxelles, à tous les niveaux et dans tous les formats possibles, cela fait partie des relations de voisinage », a-t-ajouté. Le chef de la division Maghreb au service européen de l'action extérieure, Bernard Savage, a précisé, pour sa part, que l'UE était en Algérie pour rencontrer des partis, qu'ils soient du gouvernement ou de l'opposition. « Nous sommes ici essentiellement pour écouter nos interlocuteurs politiques légitimes, qui prônent l'activité politique pacifique. Nous n'avons pas de parti pris, des solutions à donner, des alternatives ou des revendications à présenter », a-t-il expliqué.