Sur les 15.000 personnes issues de 80 pays qui ont rejoint les groupes terroristes en Irak et en Syrie, selon un rapport de l'ONU, au moins 3.000, selon Gilles de Kerchove, coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, sont originaires du Vieux continent – 5.000 selon des sources américaines –, autant qu'en Afghanistan au plus fort de la guerre. Nikolaï Bordiouja, le secrétaire général de l'Organisation du Traité de sécurité collective, parle de « milliers ». « Ces hommes en formation, pour certains dans les centres d'entraînement de terroristes en Syrie et en Irak, finiront par rentrer chez eux l'arme à la main et essayeront d'établir leur ordre », dit-il. Mi-novembre, Bernard Cazeneuve, le ministre français de l'Intérieur, a estimé le nombre de ressortissants français impliqués dans le « djihad » en Syrie et en Irak à 1.132 dont 243 femmes et 53 mineurs. 268 Français ont clairement exprimé leur désir de partir rejoindre les rangs de Daech, selon François Molins, le procureur de la République de Paris, qui croit savoir que « 376 dont 88 femmes et 10 mineurs » de ses concitoyens sont sur le terrain. L'Allemagne qui « pensait » il y a quelques jours qu'elle a 450 de ses ressortissants dans les rangs de l'organisation terroriste, revoit ses estimations à la hausse. Elle table sur, au moins, 550, dont quelques femmes. La GrandeBretagne, la Belgique, la Suède, l'Espagne, le Danemark, les Pays-Bas, l'Autriche,... découvrent, dixit Gilles de Kerchove, que « l'extrémisme n'est pas l'apanage de la communauté musulmane ». Selon des chiffres cités par Le Monde, sur les 376 Français présents en Syrie, 23% n'ont pas été élevés dans la culture musulmane. « Ils prospèrent sur l'ignorance totale de l'islam », précise le quotidien. L'Australie, qui a dénombré, début novembre, que plus de 70 de ses citoyens veulent rejoindre les rangs des « djihadistes », réalise, elle aussi, que les « recruteurs de Daech ne recherchent pas des personnes pieuses ou versées dans l'islam ». Devant « le niveau sans précédent » des djihadistes qui ont rejoint la Syrie et l'Irak depuis 2010–« plusieurs fois supérieur » à celui des volontaires qui avaient combattu en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie ces dernières années–la communauté internationale tire la sonnette d'alarme. Gilles de Kerchove préconise le règlement en urgence du problème de Daech en Irak et en Syrie, le tarissement des sources de financement de cette organisation terroriste, une mise en garde aux télévisions satellitaires qui diffusent des appels au djihad et une aide conséquente aux Etats tiers, comme ceux des Balkans occidentaux ou du Maghreb. Parmi ces derniers, il cite la Tunisie qui a plus de 3.000 ressortissants en Syrie et le Maroc qui a sur place 1.500 sujets du roi dont 80% non fichés !