Invités hier du forum d'El Moudjahid, Dr Zohra Zemit de l'hôpital d'El Kettar, et Ahcène Boufnissa, président de l'association nationale de prévention et de lutte contre le sida Solidarité Aids, ont plaidé lors d'une conférence-débat organisée à l'occasion de la journée mondiale de la lutte contre le VIH/sida pour la promotion du dépistage précoce. Ils ont également appelé à l'élaboration d'une politique planifiée de prévention. Depuis la déclaration du premier cas de sida en Algérie en 1985, le nombre de personnes atteintes enregistré au 30 septembre dernier est de 1.541 et 7.894 séropositifs. Ces chiffres ont été communiqués par Dr Zemit. « 25 cas ont été contaminés ces trois derniers mois », relève-t-elle. Le dépistage systématique n'existe pas en Algérie. Raison pour laquelle de nombreuses personnes ne savent pas qu'elles sont séropositives et contaminent d'autres par ignorance », explique le médecin. Pour le président de Solidarité Aids, Ahcène Boufnissa, la troisième décennie depuis l'apparition du sida « nous a plongés dans une fausse assurance ». La maladie touche de plus en plus les jeunes avec l'impact grandissant d'internet et la banalisation de la sexualité », dit-il, ajoutant qu'« avant 2000, les 45 ans et plus étaient les plus concernés. En 2005, on a constaté que c'étaient les moins de 35 ans. Maintenant, ce sont beaucoup plus les jeunes qui sont touchés par le virus ». Selon lui, l'erreur a été commise dans les années 1980 du fait d'avoir « médicalisé le problème » alors qu'il relèverait davantage de la prévention. Le sida ne concerne pas uniquement le médecin. « Le sociologue, le psychologue, l'éducateur, la société civile et le mouvement associatif sont interpellés », soutient Boufnissa. Et de poursuivre : « Le maillon faible de la lutte contre le sida c'est la prévention, qui nécessite des moyens et un travail continu et non occasionnel. » Il a été souligné, selon Dr Zemit, que les régions les plus touchés par le VIH/sida sont Alger pour la région Centre, Tiaret pour l'Ouest, Constantine pour l'Est et Tamanrasset pour le Sud. Si pour la praticienne, la maladie reste toujours un « tabou », Boufnissa, quant à lui, voit qu'elle est un « déni », c'est plutôt de l'hypocrisie sociale, dira-t-il, parce que la majorité des séropositifs savent les risques de la maladie et les modes de contamination. « Le test prénuptial obligatoire, qui concerne le sida, la syphilis et l'hépatite portera bientôt sur le paludisme », indique Dr Zemit. En 2015, le dépistage chez la femme enceinte deviendra obligatoire, annonce-t-elle. Les enfants hospitalisés à l'EHS d'El Kettar et porteurs du virus sont au nombre de 260. Ils ont été contaminés par leur mère. Par ailleurs, les intervenants ont mis en garde contre la marginalisation qui, parfois, pousse la personne malade à la vengeance ou au suicide. Il ne faut pas stigmatiser le patient. « Comme toutes les maladies chroniques, le sida réclame une chaîne de prise en charge où toutes les parties concernées s'impliquent », estime Boufnissa. Beaucoup ont accepté leur sérologie, certains se marient entre eux et ont des enfants séronégatifs. D'autres sont porteurs de projets et continuent leur vie normalement.