80 nouvelles contaminations au VIH/sida sont enregistrées à fin octobre 2012, selon l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA). Le même institut avance 471 nouveaux cas de séropositivité. Avec ces nouvelles infections, le bilan global est de 1352 sidéens et 5996 personnes séropositives. Le chiffre reste en deçà de la réalité, précise le Dr Fatma Zohra Zemit de l'hôpital d'El Kettar, spécialisée dans les traitements des maladies infectieuses et transmissibles. Invitée hier au forum d'El Moudjahid, elle estime qu'en l'absence d'engouement du dépistage, qui est pourtant anonyme et gratuit, «nous ne pouvons pas connaître le nombre réel de personnes porteuses du virus VIH, sachant que chez les séropositifs, la maladie évolue sur près d'une dizaine d'années. Le malade peut donc vivre sans connaître son infection jusqu'à un stade tardif». En Algérie, uniquement 10 000 tests de dépistage sont effectués annuellement, alors que dans les pays développés, plus de 20 000 tests sont faits. Ce qui est regrettable, note la conférencière, «c'est que ce sont les enfants qui sont les victimes la plupart du temps». Elle ajoute : «Au mois d'octobre 2012, nous avons déploré le décès de deux enfants sidéens, le premier âgé de trois ans et le second de deux ans seulement. Pour l'un de ces deux cas, la maman ignorait la séropositivité de son enfant ainsi que la sienne». Ce genre de situation, a-t-elle souligné, peut être évité par de simples analyses qu'il faut effectuer avant la grossesse, ou au plus tard au cours du premier trimestre de la grossesse, «car à ce stade-là, on peut administrer à la femme enceinte un traitement pour que la charge virale soit indétectable», explique le médecin, qui affirme que «ce traitement peut également être efficace au cours du deuxième et troisième trimestre. J'ai moi-même assisté à des accouchements où le nouveau-né est déclaré séronégatif». Cependant, les examens finaux ne se font qu'au 18e mois pour le bébé. Selon la même conférencière, l'Algérie compte une cinquantaine d'enfants atteints par le virus. Ils sont suivis au niveau d'El Kettar. Egalement membre à l'Association Solidarité Aids, le Dr Zemit appelle à ce que le test de sérologie soit inclus au bilan prénuptial, lequel exige uniquement le groupage, le test de toxoplasmose ainsi que le niveau d'immunité contre la rubéole. Par cette omission, «un nouveau phénomène s'est développé au cours de ces dernières années, l'infection des nouveaux couples mariés», indique le docteur qui invite toutes les personnes à comportement à risque à opérer un test de dépistage. Il y a lieu de noter que le virus ne peut être détecté que 3 mois après l'acte sexuel non protégé. La personne qui a eu un comportement à risque doit se présenter au niveau de l'hôpital après cet acte, où il lui est administré un traitement avant de revenir un mois après et à une dernière visite après six mois. Alger parmi les villes les plus touchées Ahcène Boufenissa, président et consultant associatif en VIH/sida a déclaré, pour sa part, que les villes les plus touchées restent Alger, Oran, Tamanrasset, Tiaret, Aflou et Laghouat. Le premier mode de transmission en Algérie reste la voie sexuelle. Le Dr Zemit évoque également l'infection chez le dentiste ou par injection intraveineuse de drogue chez les toxicomanes. La tranche d'âge la plus touchée se situe entre 18 et 35 ans. Interrogé sur la pénurie des traitements, M.Boufenissa avoue que notre pays a connu des pénuries récurrentes de médicaments dont les sidéens ont beaucoup souffert. La dernière pénurie remonte à mai et juin derniers.