L'Association L'enfant innocent, présidée par Wahiba Tamer, a mis le doigt sur un problème d'une extrême gravité. Il s'agit du sort des enfants pris en charge par les directions de l'action sociale et mis à la rue à leur majorité. « C'est un âge critique où l'adolescent se retrouve sans ressources, sans logement et en proie aux dangers de la rue », avertit la sociologue, Zohra Faci, et la psychologue, Souhila Zmirli. Wahiba Tamer, elle-même enfant abandonnée à la naissance, s'est investie dans son association pour apporter aide et assistance à cette frange qui souffre de l'injustice. Son combat ne s'arrête pas là. La jeune femme plaide pour une prise de conscience face à ce phénomène qui prend de l'ampleur. Il s'agit de l'abandon des nourrissons qui pour la plupart sont pris en charge par la DAS. Elle est sur tous les fronts de la lutte contre la délinquance ont sont victimes les enfants abandonnés. L'autre défi qu'elle cherche à relever est celui d'aider psychologiquement et juridiquement ces enfants. Pour Mme Zmirli, l'enfant adopté doit connaître à cinq ans la vérité. Il ne faut nullement lui cacher son identité. Il faut aussi, selon elle, « un accompagnement psychologique pour amortir le choc ». « Cela évitera bien des déboires à l'enfant dans son cursus scolaire et le processus de son adaptation sociale », indique-t-elle. Pour cette psychologue, il est inconcevable de mettre dehors ces enfants à l'âge de 18 ans. Beaucoup d'entre eux ayant des retards psychomoteurs ou de légers handicaps se retrouvent abandonnés une deuxième fois. Mme Zmirli plaide pour la promulgation de lois qui protégeraient ces enfants qui n'ont pas demandé à venir au monde. De son côté, Mme Faci a insisté sur l'obligation du géniteur de reconnaître l'enfant et lui donner son nom. « Ce dernier permet à l'enfant de ne pas vivre en retrait de la société, développer des complexes ». « La société reste aveugle en sanctionnant la femme et en laissant le géniteur à son aise », a-t-elle relevé. En écho à la psychologue qui l'avait précédée, Mme Faci a mis en exergue l'importance de la chaleur familiale pour l'enfant adopté. Les modalités d'une prise en charge étatique après 18 ans doivent être redéfinies. Rabéa F. Ils ont dit : Salima Bouaziz, médecin retraitée-moudjahida « Mettre la lumière sur le géniteur » « Je ne suis pas d'accord avec le mot abandonné. Ce sont des enfants laissés par leurs mères, victimes, souvent d'hommes peu scrupuleux. L'auteur du délit s'en va et ne reconnaît pas l'enfant confié à l'assistance. Il faut absolument considérer que l'enfant est le produit de deux êtres humains. L'homme abuse de l'innocence et de l'ignorance de la femme et ne la protège pas. L'enfant né d'un accident avec abandon du géniteur et la femme se retrouve dans une société qui ne pardonne pas. L'assistance publique fait certes son devoir vis-à-vis de ces enfants, mais ce n'est jamais assez. Il faut chercher le géniteur et le forcer à reconnaître l'enfant et lui donner son nom. » R. F. Mounia Gaouaoui, écrivaine « Encourager l'adoption qui devient pour certains le parcours du combattant » « Si un enfant est né par accident ou suite à un viol, il n'est pas responsable du comportement des adultes. Il faut faciliter les règles et les lois sur l'adoption. Certaines familles qui veulent adopter rencontrent beaucoup de problèmes. C'est le parcours du combattant. Pour un célibataire, c'est la croix et la bannière. » R. F. Salim Saadoun, journaliste, ex-directeur de la radio Bahdja « L'Etat doit être responsabilisé » « Ces jeunes filles, par ignorance ou sous le poids des tabous, ne deviennent pas du jour au lendemain des filles-mères. Elles sont rejetées autant que l'enfant. Si l'Etat ne fait rien, ne prend pas en charge à la source ce phénomène, nous irons droit au mur. L'Etat doit édicter des lois pour protéger suffisamment les femmes et punir le géniteur. Ce dernier, après avoir accompli son forfait, se perd dans la nature. »