Appel n Des avocats et des membres d'organisations de défense des droits des enfants ont plaidé, hier, pour la révision de certaines lois pour une meilleure prise en charge de cette frange de la société. Intervenant lors d'une conférence organisée par le centre de presse d'El Moudjahid, Me Benbraham a déclaré d'emblée que l'enfant né sous X a une personnalité «complètement broyée car il n'a pas de filiation, il est donc sans identité». L'intervenante a indiqué qu'une femme violée ou séduite et qui a mis au monde un enfant, va vivre un véritable calvaire, car elle sera rejetée non seulement par sa famille mais aussi par la société. C'est ainsi que pour protéger et la femme et l'enfant né hors mariage, l'avocate a plaidé pour la révision de certains textes de lois qui ont été «tout simplement copiés de la loi française». «Il ne faut pas se limiter à copier les textes de lois français car ils ne s'adaptent pas à notre pays. Il faut introduire dans la législation algérienne un texte qui oblige la femme à divulguer l'identité du père du bébé qu'elle vient de mettre au monde. L'homme doit reconnaître la paternité de l'enfant, et donc lui donner une filiation, ensuite il est libre d'épouser ou pas la femme. S'il ne veut pas reconnaître la paternité, il doit passer un test ADN, et si les tests révèlent qu'il est bel et bien le géniteur, on va le contraindre à reconnaître la paternité de l'enfant», a-t-elle estimé. «Il faut introduire cela dans la convention internationale des droits de l'enfant car le droit à la filiation est inné, pourquoi ce droit sacré reste-t-il un secret ? ‘'Appelez-les au nom de leur père'', c'est une exhortation divine qu'on doit respecter. Que font les hommes religieux qui ne parlent pas d'un problème aussi épineux que celui-là ? Ils doivent montrer la voie à suivre», a-t-elle ajouté. L'autre loi qui pose encore problème à des milliers de femmes, selon Me Benbraham, est celle qui oblige toute femme qui accouche dans l'anonymat à signer une déclaration selon laquelle si elle ne récupère pas son bébé dans les trois mois qui suivent l'accouchement, va le perdre à tout jamais. «Que va-t-on faire de ce bébé ?», s'est-elle interrogée. Et d'ajouter : «Il faut combattre ces lois. C'est une trahison d'avoir copié intégralement les lois françaises dont certaines sont contraires au droit musulman, notamment celle relative à l'adoption qui n'existe pas dans l'Islam. En Islam on a la Kafala.» Aussi, l'article 40 du code de la famille, dernier alinéa, qui stipule qu'on peut utiliser les moyens scientifiques, à savoir l'ADN, pour déterminer qui est le géniteur de l'enfant, est à revoir, selon Me Benbraham. «L'ADN est fiable et ne peut être remis en cause. Cela va conforter le droit d'avoir une filiation. Il faut réviser cet article. Au lieu de mettre : ‘'Le juge peut recourir aux moyens scientifiques pour déterminer qui est le géniteur de l'enfant'', il faut plutôt mettre : ‘'Le juge est obligé de recourir au test ADN''», a-t-elle recommandé. Des milliers de naissances hors mariage chaque année Intervenant au cours de cette conférence, Abderrahmane Arar, président du réseau Nada, a affirmé que «plus de 3 000 enfants naissent hors mariage chaque année». «C'est un véritable fléau. Et la question que nous devons nous poser est pourquoi en être arrivé là», a-t-il dit. Toutefois, selon Mohamed Chérif Zerguine, lui-même enfant né sous X et auteur d'un livre ‘Nés sous X dans le monde arabo-musulman', ce chiffre devrait être multiplié par dix.