Réconciliés avec le Qatar, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, Oman et le Koweït, tenteront dans un contexte d'affaiblissement des chefs de file traditionnels du monde arabe, de réaffirmer à Doha, l'influence du Conseil de coopération du Golfe (CCG), une instance que les six pays monarchies ont créée en 1981. L'Egypte, dont les turbulences depuis le début du Printemps arabe, ont provoqué conflit sans précédent au sein du CCG-la brouille a culminé en mars avec le rappel par l'Arabie saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis de leurs ambassadeurs au Qatar-,sera aussi au menu. Certes, depuis, la réconciliation a été scellée par le retour des ambassadeurs à Doha, mais la brouille a laissé des traces. Selon Abdelwahab Badrkhan, un expert basé à Londres, si les monarchies du Golfe ne sont plus divisées sur la crise syrienne, des divergences persistent sur les rapports avec l'Egypte et le rôle régional de l'Iran, le principal rival de l'Arabie saoudite. Les Emirats adoptent une politique d'endiguement de l'islam politique qui est, pour eux, à l'origine du l'extrémisme religieux, tandis que le Qatar juge nécessaire de contenir la mouvance islamiste pour mieux la canaliser, explique l'analyste. Cette réconciliation menée en octobre-novembre par le Koweït a été dictée, essentiellement par la menace de Daech, affirment la plupart des experts. Semant mort et désolation, Daech, le groupe terroriste, est aux portes des monarchies du Golfe où il recruterait sans grande difficulté. « Ces monarchies qui se sont engagées dans la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, s'inquiètent pour leur sécurité intérieure, ce qui rend nécessaire la coordination de leur coopération sécuritaire », explique Badrkhan. Selon certains médias locaux, ce sommet permettra aux monarques de s'entendre sur la création et la mise en place d'un « commandement militaire conjoint » dont 100.000 seront fournis par l'Arabie saoudite qui a réussi hier un véritable coup de filet : une arrestation de 135 suspects, dont 26 ressortissants étrangers, pour des affaires de « terrorisme ». Mission de ce commandement ? Coordonner avec les autres partenaires de la coalition internationale les opérations militaires menées contre Daech. Les ouvertures de Washington vis-à-vis de Téhéran, en particulier pour obtenir un accord sur le nucléaire et la situation au Yémen, pourraient être aussi un objectif de ce « commandement unifié », selon le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn Cheikh Khalid al-Khalifa qui a déclaré au journal Financial Times que les forces placées sous l'autorité de ce commandement conjoint commenceront leurs opérations militaires juste après le sommet. « Il travaillera en coordination avec le commandement navale du CCG basé à Bahreïn et le commandement aérien du CCG, basé en Arabie Saoudite », dit-il. « Regardez le morcèlement de l'Irak et la situation abominable en Syrie... Si l'Afghanistan était une école primaire pour les terroristes, maintenant la Syrie et l'Irak sont devenus des universités pour eux. Les groupes terroristes qui sévissent dans la région constituent une sérieuse menace, d'autant plus qu'un certain nombre des ressortissants de nos pays ont rejoint ces groupes », relève-t-il.