La Pologne, condamnée en juillet par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour sa « complicité » dans les tortures subies sur son territoire par un Palestinien et un Saoudien, remet sur la table le dossier brûlant de la torture héritée de l'ère des néoconservateurs coupables de violations massives des droits de l'homme traduites par l'instauration de la zone de « non-droit » de Guantanamo et la généralisation des prisons secrètes de la CIA en Europe et en Afrique. Au grand dam des républicains redoutant une réaction en chaîne dans le monde, le rapport établi par le sénat lève le voile sur une réalité longtemps occultée et opposant au terrorisme inhumain la terreur la plus abjecte de l'Empire. Ni la Pologne ni aucun autre pays qui ont activement collaboré avec le programme mis en place après le 11 septembre 2001 et arrêté en janvier 2009, n'a admis une contribution aux prisons secrètes devenues un secret de polichinelle. Après 3 années d'enquête (2009-2012,) la transparence promise par Obama vise à combattre un fléau pour que « cela ne se reproduise jamais », a assuré le porte-parole de Barack Obama, Josh Earnest. Le rapport parlementaire de 500 pages, approuvé par la commission du renseignement du Sénat et expurgé des informations déclarées sensibles, comme les noms de codes des agents de la CIA, ou les pays ayant coopéré au programme secret, porte la marque indélébile du déni de vérité qui constitue le socle de l'Empire instituant le mensonge d'Etat. L'une des victimes reste précisément l'ancien secrétaire d'Etat Collin Pauwel emporté par la grossière manipulation des fameux ADM irakiennes, demeurées introuvables après 10 ans de présence militaire américaine en Irak, et néanmoins, à l'heure du « printemps arabe » chaotique, remplacées par les armes chimiques syriennes. L'Amérique d'Obama se revendique de la légalité pour corriger une trajectoire historique porteuse de graves dérives. La puissante présidente de la commission du renseignement du Sénat, Dianne Feinstein, juge la démarche solidaire pour « une société juste qui s'appuie sur le droit ». Elle estime que « quand nous faisons des erreurs, nous les admettons et nous allons de l'avant ». La question de la torture qui fait débat entre les démocrates et les républicains, légitimant les techniques d'interrogatoire odieuses (simulation de noyade ou la privation de sommeil) et dénonçant un rapport « ni sérieux ni constructif », a mis dans tous ses états l'Amérique et ses alliés redoutant des représailles. Des « mesures de protection adéquates », exigées des centres de commandement tenues informés dès la « publication imminente » du rapport, doivent être prises pour défendre les représentations diplomatiques et les bases militaires américaines des éventuelles attaques. Mais, les prisons secrètes de la CIA, les « blacks sites », ont révélé « la mondialisation de la torture » impliquant les 54 pays dont 25 d'Europe et touchant une population de détenus au secret évaluée par Amnesty International à prés de 70.000 personnes dont des centaines ont été enfermées dans les bases de Bagram et Kandahar, en Afghanistan, mais aussi dans la ville marocaine de Ben Guerir. L'autre face des « zones grises » reste incontestablement la base de Guantanamo qui continue d'abriter 136 détenus dont une bonne majorité n'ont jamais été inculpés, ni jugés. Selon l'ONG Close Guantanamo, 70 d'entre eux attendent depuis 2010 une hypothétique libération. Pire, Guantanamo ne sera pas fermée malgré les vaines promesses d'Obama. Le congrès aux mains des républicains, à la faveur de la loi fiscale pour l'année à venir, a donné le tour de vis. Dans, les programmes militaires, il est stipulé l'interdiction de transférer sur le sol américain les détenus de Guantanamo. Les 6 prisonniers qui ont quitté, le 7 décembre, l'enfer de la prison d'exception pour rejoindre l'Uruguay, risquent d'être le dernier contingent.