« Si la situation en Libye n'est pas maîtrisée rapidement, de nombreux pays de la région pourraient être déstabilisés dans un avenir proche », déclare Hiroute Guebre Sellassie, l'Envoyée spéciale du Secrétaire général pour le Sahel, à l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité dans la région organisée jeudi dernier à New York. « Les allégations persistantes selon lesquelles l'Etat islamique a mis en place des camps d'entraînement en Libye sont particulièrement préoccupantes », a confié Mme Guebre Sellassie. Et de rappeler : « 20.000 armes à feu venant de Libye sont passées au Sahel et la plus grande partie des 18 tonnes de cocaïne, d'une valeur marchande de 1,25 milliard de dollars, qui aboutissent en Afrique de l'Ouest, transitent par le Sahel. » « Dans le domaine de la gouvernance, la région du Sahel continue de souffrir d'un manque de services essentiels, de l'exclusion sociale et d'obstacles au commerce et à l'investissement », déplore l'Envoyée spéciale. « La crise au Burkina Faso et la persistance du conflit au Mali attestent du fait que nos efforts dans le Sahel resteront vains à moins que les pays de la région s'engagent à certaines normes de gouvernance », a-t-elle ajouté. S'agissant de la sécurité, selon l'Envoyée spéciale, la région continue de subir les conséquences désastreuses des crises en Libye, au nord du Nigeria, au nord du Mali et en République centrafricaine. « Au Mali, malgré les progrès réalisés lors des pourparlers intermaliens à Alger, la situation sécuritaire dans le nord s'est détériorée, via l'intensification des attaques meurtrières ciblant des casques bleus et les communautés situées le long de la frontière avec le Niger », s'est inquiété l'Envoyée spéciale, déplorant également « les indicibles atrocités commises dans le nord du Nigeria par Boko Haram », qui recruterait actuellement des rebelles parmi les populations de réfugiés. Sur la base de ces constats, elle a énoncé au Conseil ses priorités pour les mois à venir : mise en œuvre accélérée des projets tant nationaux que régionaux, renforcement de la coordination des interventions de la communauté internationale au Sahel, y compris par le biais du Groupe international de contact sur le Sahel, renforcement de la coopération avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale et la Plateforme ministérielle de coordination et le G5 Sahel. Autre inquiétude de l''Ethiopienne : la situation humanitaire. Le nombre d'enfants en état de malnutrition sévère est passé de 5 millions en janvier à 6,4 millions, et l'extension des conflits a doublé le nombre de personnes déplacées, de 1,6 million en janvier à 3,3 millions. « La récente apparition de l'épidémie d'Ebola au Mali risque d'être le choc de trop pour la région », dit-elle.