Les Etats du Sahel sont appelés à redoubler d'efforts en vue de renforcer la coopération régionale pour faire face à la détérioration de la situation politique et sécuritaire dans la région, a déclaré jeudi l'envoyée spéciale du secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Hiroute Guebre Sellassie "Dans le domaine de la gouvernance, la région du Sahel continue de souffrir d'un manque de services essentiels, de l'exclusion sociale et d'obstacles au commerce et à l'investissement", a déploré Guebre Sellassie, à l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la paix et la sécurité dans la région, tenue dans la soirée de jeudi. "La crise au Burkina Faso et la persistance du conflit au Mali attestent du fait que nos efforts dans le Sahel resteront vains à moins que les pays de la région s'engagent à certaines normes de gouvernance", a-t-elle ajouté. Au Mali, malgré les progrès réalisés lors des pourparlers inter-maliens à Alger, la situation sécuritaire s'est détériorée, a souligné Mme Guebre Sellassie, ajoutant que la récente apparition de l'épidémie d'Ebola au Mali risque d'exacerber les tensions dans la région. Selon l'envoyée spéciale, la région continue de subir les conséquences désastreuses des crises en Libye. Elle a estimé ainsi que 20.000 armes à feu venant de Libye étaient passées au Sahel et que "la plus grande partie" des 18 tonnes de cocaïne, qui aboutissent en Afrique de l'ouest, transitent par le Sahel. "Si la situation en Libye n'est pas maitrisée, de nombreux pays de la région pourraient être déstabilisés dans un avenir proche", a-t-elle averti. "Les allégations persistantes accusant le groupe (autoproclamé) Etat islamique d'avoir mis en place des camps d'entraînement en Libye sont particulièrement inquiétantes", a-t-elle souligné. La sécurité au Sahel est aussi affectée par "les indicibles atrocités commises dans le nord du Nigeria par Boko Haram", qui recruterait actuellement des rebelles parmi les populations de réfugiés. Depuis sa prise de fonction en mai dernier, a insisté l'envoyée spéciale, "j'ai exhorté les dirigeants et chefs d'Etat du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger à relever les défis qui accablent le Sahel via une approche régionale et leur ai promis le soutien de l'Organisation dans la mise en œuvre de leurs initiatives au Sahel".