Face à la Bibliothèque nationale, deux escaliers sont peints avec des couleurs vives. Cette initiative, qui satisfait beaucoup de monde, a été conçue et réalisée par de jeunes bénévoles de « l'Association pour la promotion de la citoyenneté à travers des activités » ou Sidra, en collaboration avec la commune de Mohamed Belouizdad. « Forte de 70 membres actifs dont la moyenne d'âge est de 20 ans ainsi qu'une base de 1.000 volontaires, l'association Sidra, labellisée en 2013 par l'Unesco, s'est engagée dans cette activité au succès immédiat auprès des citoyens. Cette dynamique, faisant appel au sens civique des citoyens pour la rénovation par les jeunes des infrastructures de leur environnement immédiat, n'a laissé personne indifférente », nous a confié Nacim Fillali, président de l'association Sidra. Les bénévoles ont empoigné balais et pinceaux pour donner de la couleur et de la vie à ce quartier et à celui de Oued Korich. A l'autre extrémité d'Alger, des escaliers colorés ont également fait leur apparition. Cette rénovation artistique de l'environnement a séduit les habitants de ces quartiers. « C'est une bonne initiative puisqu'elle a permis de nettoyer et de donner des couleurs gaies à des marches que le temps et l'absence d'hygiène ont rendu grises et repoussantes » nous confie Hamid, un habitant de la cité du Hamma, connue sous l'appellation « La cour ». L'ensemble des jeunes rencontrés se sont dit intéressés par de telles activités qui, selon eux, « redorent le blason du quartier oublié dans le programme de la réfection des façades et de l'entretien des cages d'escalier ». Néanmoins, d'autres voix s'élèvent pour relever les insuffisances d'une telle action. « Peindre un bout de marche d'une cité ne décrasse pas le quartier. Beaucoup reste à faire en matière de traitement des surfaces et le nettoyage proprement dit. Car il ne suffit pas de passer un coup de balai sur les trottoirs. Le quartier ne se résume pas aux escaliers. Dans les moindres coins et recoins, nous voyons s'étaler et s'empiler des détritus en tout genre », affirme un habitant du Hamma. Libre cours à l'imagination La fièvre de l'escalier coloré s'est emparée des jeunes dès que l'idée avait germé à Souk Ahras où des jeunes se sont lancés dans le stair art. L'internet et les associations ont pris le relais et l'idée à fait son chemin pour atteindre plusieurs wilayas. La rivalité a laissé libre cours à l'imagination qui a donné naissance à des escaliers multicolores. Une initiative similaire avait été réalisée dans les années 90 par les jeunes de la cité Mahieddine. Surplombant la salle Harcha (1er Mai), cette cité croulait sous les ordures. Un jour, des jeunes ont décidé de prendre le taureau par les cornes et des peintures ont été réalisées au grand bonheur des habitants et des riverains. Jamais la cité Mahieddine n'avait été aussi propre, belle et colorée. L'idée des escaliers colorés a déjà conquis d'autres jeunes de villes comme Istanbul et Izmir (Turquie), Beyrouth (Liban) et Rio de Janeiro (Brésil). Ces grandes villes du monde ont leurs escaliers colorés. De véritables toiles y sont nées. On compte dans ces métropoles 22 escaliers, les plus beaux, dit-on, dans le monde. L'APC d'Alger-Centre se lance dans l'art L'utilisation de l'art dans l'embellissement des jardins publics et autres façades s'est également emparée des responsables de la commune d'Alger-Centre. En effet, de jeunes de l'Ecole des Beaux arts sont engagés pour l'embellissement de quelques jardins de la capitale. Le premier à être rénové est la place dédiée au martyr Mustapha Ben Boulaid. Là, ces jeunes artistes à base de quelques planches en bois, ont complètement transformé l'endroit. Une séparation savamment découpée et peinte est érigée. Des tables et des brise-vent sont également aménagés. « Cette opération, inscrite dans le cadre de l'embellissement de la capitale et de sa réhabilitation, a permis à de jeunes artistes appartenant à l'Ecole des Beaux Arts d'Alger et à l'Office de la culture de s'exprimer à travers des travaux artistiques et des aménagements qui répondent aux attentes des citoyens, notamment les jeunes », a souligné le P/APC d'Alger-Centre, Abdelkrim Bettache. La prochaine opération, après la rénovation d'un mur surplombant la salle El Koutoubia, « concernera le jardin de Sofia dont les travaux de réhabilitation seront lancés dans une quinzaine de jours. L'espace sera ensuite cédé à nos artistes pour donner libre cours à leur imagination », a tenu à affirmer M. Bettache. La rénovation des espaces à travers l'art apporte du charme à la ville et sérénité au regard.