La médiation est une solution confidentielle mais elle est peu connue des justiciables. Certains d'entre eux rencontrés dans la salle des audiences du tribunal de Sidi M'Hamed affirment ignorer l'existence d'un tel procédé. « Je sais que des imams et des sages interviennent dans le règlement des conflits entre familles ou voisins, mais je ne suis pas au courant de cette résolution », a affirmé un homme victime d'un accident de la circulation, précisant que « dans certains cas, seule la justice peut trancher ». « J'ai été heurté par un véhicule dont le chauffeur a pris la fuite avant d'être arrêté. Je ne demande qu'une indemnisation », a-t-il soutenu. Une femme qui suivait notre discussion, a estimé que la société algérienne a beaucoup changé. « Aucune autorité n'existe aujourd'hui ni celle de l'Etat ni même celle de l'imam, après la disparition de l'autorité parentale », a déploré cette vieille victime d'injures et de menaces de la part de son voisin âgé de 21 ans. Une mère de famille qui assistait au procès de son fils écroué pour port d'arme prohibée, s'est longuement interrogée sur cette solution. Un avocat lui a expliqué que la médiation exclut le cas de son fils et les affaires criminelles. « Il fallait afficher des notes à l'entrée des tribunaux pour informer les citoyens », a lancé un greffier. La médiation m'a évité la prison Plusieurs affaires ont été réglées par la médiation judiciaire, a rapporté le président de l'Association nationale des médiateurs judiciaires. Comme le cas de Hakim, un jeune de 23 ans, qui a agressé son voisin suite à un litige entre les deux familles qui habitent le même immeuble à Alger-centre, lui causant une incapacité de travail de 21 jours. « Je risquais la prison surtout que la victime a décidé de déposer plainte pour coups et blessures volontaires et avait un certificat du médecin légiste », raconte Hakim. C'est alors que son avocat l'a orienté vers un médiateur qui a convoqué les deux parties avec leurs parents. « La victime a accepté la médiation et on y a assisté en présence de nos deux pères. C'était émouvant, on a grandi ensemble et dans un moment de colère, le pire a été commis. On a pleuré. Je lui ai demandé pardon et je vous assure qu'on est devenus plus amis qu'avant l'incident », confie Hakim. A Médéa, c'est une vieille femme qui a sollicité un médiateur près le tribunal de K'sar Chellala. « Elle a demandé une intervention pour le règlement d'un conflit entre son fils et l'oncle de ce dernier suite à une dette contractée il y a plusieurs années », a rapporté le médiateur. Les deux parties ont été convoquées, et après trois séances, l'oncle a signé un document de reconnaissance de dette et s'est engagé à restituer l'argent à son neveu dans les plus brefs délais.