L'Opéra, chef d'œuvre « Don Giovanni », drame joyeux de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), a été présenté, mardi dernier au soir, à Alger, par l'Orchestre symphonique national (OSN) dirigé par le maestro Amine Kouider, devant un public ravi de renouer avec le chant lyrique des grandes œuvres universelles. La fosse scénique du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, ouverte pour la circonstance, a accueilli une cinquantaine de musiciens de l'OSN qui ont exécuté, en deux actes, l'Opéra « Don Giovanni », chef d'œuvre de W. A. Mozart, écrit en 1787. Dans une version scénique signée Nicolas Rigas, le spectacle, entre comique irrésistible et sérieux tragique, a laissé apparaître le génie de l'écriture affrontant le mythe au rythme de l'action dramatique, et à la qualité de la grande musique. Don Giovanni, accompagné de son valet, Leporello, doit répondre de ses actes après avoir blessé à mort le Commandeur, épousé Donna Elvira et fait de l'infidélité son mode de vie. Alors qu'il est au pied du mur, Don Giovanni, entretenant quiproquos et déguisements, continue de séduire et parvient, comme à ses habitudes, à échapper à ses poursuivants, toujours plus nombreux. Insolent, Don Giovanni invite le Commandeur - revenu d'outre-tombe - à souper avec lui, alors qu'il doit réparation à ses victimes par la repentance ou la mort, serrant la main du Commandeur, il s'effondre, inanimé. Dans des costumes d'opéra classiques, Nicolas Rigas (baryton-basse), Pierre-Yves Binard (baryton), Perrine Madoeuf (soprane), Boldan Antonel (ténor), Katalin Vamosi (soprane), Marc Souchet (baryton) et Joëlle Fleury (soprane) se sont donné la réplique, en chœur par moments, qu'Olivier Kontogom a brillamment ordonnée. Près de trois heures durant, séparées par un entracte, les voix lyriques de l'Opéra « Don Giovanni », usant dans les dialogues de transition dans le parler algérien, ont évolué sur une scène nue agrémentée par un éclairage utile et une projection d'images indiquant le repère spatial. La fascinante figure de Don Giovanni, séducteur insouciant multipliant les conquêtes, dans le charisme d'un chevalier appartenant à la noblesse, malin et astucieux, a mis en valeur un autre aspect intéressant de cette œuvre lyrique gigantesque. A travers l'épaisseur des caractères, les personnages - aux apparences légères - de Don Giovanni, le Commandeur, Donna Anna, Don Ottavio, Donna Elvira, Leporello, Masetto et Zerlina, ont renseigné, avec minutie, sur la nature humaine dans sa complexité. Les instrumentistes de l'OSN, savamment dirigés par le maestro Amine Kouider, ont brillé de maitrise et de technique, au plaisir d'un public conquis, venu nombreux vivre chaque instant du spectacle dans la délectation. Né en 1967 à Alger, Amine Kouider a dirigé plusieurs grands orchestres de par le monde, dont l'Orchestre du Kirkov de l'Opéra de Saint-Pétersbourg, l'Orchestre international de Paris (France de 1998 à 2004) et l'Orchestre philharmonique du Qatar (2010). Nommé, entre autres, « Artiste pour la paix » par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), Amine Kouider est également directeur artistique du Chœur et Orchestre philharmonique international en résidence à l'Unesco. Créé en 1992, l'Orchestre symphonique national a été lancé en 1997 sous la direction du regretté maestro Abdelwahab Salim, disparu le 26 novembre 1999. L'institution de l'OSN, dirigée depuis 2001 par Abdelkader Bouazzara, regroupe, actuellement, plus de 80 musiciens.