Peu connu de l'opinion publique, notamment auprès des jeunes, pour mille et une raisons, Messaoud Zeghar a été, pourtant, l'un des artisans les plus effectifs de la guerre de Libération nationale, et, des années plus tard, un acteur fondamental dans l'échiquier politique de l'Etat algérien, sous l'ère de l'ancien président, Houari Boumédiène, son ami intime. C'est, en quelque sorte, l'idée majeure retenue et sur laquelle insiste Seddik S. Larkeche, un jeune enseignant-chercheur à l'Université de Lyon, qui a présenté son livre, dimanche dernier, à la Librairie du Tiers-Monde à Alger, « Si Zeghar, l'iconoclaste algérien (La véritable histoire de Rachid Casa) ». Il va de soi que toutes les biographie écrites jusqu'ici et l'ensemble des articles publiés, tant en Algérie que dans le monde, sur cet homme d'affaires d'envergure mondiale, dauphin, qui plus est, du colonel Abdelhafid Boussouf (fondateur du ministère de l'Armement et des Liaisons générales de l'Armée de libération nationale, soit l'ancêtre des services secrets algériens) ne sauraient résumer une vie entièrement dévouée au service de l'Algérie, mais force est de reconnaître que ce nouveau livre (basé sur divers témoignages et joignant une photothèque inédite) met un peu plus de lumière sur l'intarissable nationalisme de ce digne fils d'El Eulma, dont la notoriété mondiale n'est plus à présenter. « Primo, Messaoud Zeghar est nationaliste résistant qui a pris entièrement part à la Révolution algérienne en étant l'un des pourvoyeurs de l'ALN en armes. Rappelons qu'il a installé des ateliers de fabrication d'armes au Maroc. Secundo, il a été, durant la présidence de Boumédiène, dont il a été de bout en bout l'homme de confiance, l'artisan des relations algéro-américaines. Tertio, ce fut, à son époque, l'homme le plus riche d'Algérie grâce à ses affaires, notamment à l'étranger », explique l'auteur en insistant sur la trajectoire de ce patriote influent qui a subjugué les Algériens bien avant l'indépendance. Mais comme toute personnalité influente, Messaoud Zeghar n'a pas échappé aux diatribes de ses contempteurs qui auront, finalement, raison de lui, décrétant sa « chute » politique et économique. Pour M. Larkeche, beaucoup de contrevérités ont été dites sur Rachid Casa (le nom de guerre de Zeghar) rendant plus difficile l'entreprise de réappropriation de sa mémoire. « J'ai passé en revue tous ce qui a été publié sur Zeghar en Algérie, en France, en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis. Très rapidement, j'ai constaté que de nombreux écrits étaient contradictoires, souvent superficiels et fondés sur des rumeurs et des partis-pris qui alimentent des causes partisanes, occultant véritablement la personnalité complexe de Messaoud Zeghar. Face à cette écriture falsifiée, je me suis imposé à n'entrer dans un aucun groupe d'appartenance afin de tenter, honnêtement, de retranscrire, le plus justement, la trajectoire de ce personnage », écrit l'universitaire dans le préambule de son livre utile, et si l'on ose dire, salvateur à bien des égards. Amine Goutali « Si Zeghar, l'iconoclaste algérien » de Seddik S. Larkeche ENA Editions (2014), prix public : 3.000 DA