Tout en qualifiant Kamel Daoud d'une personne intelligente, le ministre des Affaires religieuses lui conseille de faire un geste pour montrer qu'il sait ce qu'il fait et qu'il est conscient de ce qui se passe autour de lui. « Ce lobby, hostile à l'Islam, a préféré soutenir Kamel Daoud qu'Eric Zemmour », souligne-t-il au forum d'El Moudjahid, en référence aux déclarations du journaliste français sur la déportation des musulmans de France. Quant à la « fetwa » dont le journaliste algérien a fait l'objet via des réseaux sociaux, le ministre estime que ce n'en est pas une mais un appel virtuel d'une personne qui ne représente aucune institution religieuse, « qui n'est présente ni dans nos universités ni dans nos mosquées ». « La fetwa, c'est un avis religieux qui émane d'une autorité religieuse. Dans ce cas là, il ne s'git nullement d'une fetwa mais d'un dérapage très dangereux. La logique dit que si nos valeurs religieuses sont attaquées, on saisit la justice au lieu d'appeler au meurtre. C'est ce que Kamel Daoud a fait, il a saisi la justice », signale Aïssa, soutenant que le journaliste a besoin d'être accompagné, conseillé et non menacé de mort. Le ministre a noté que ce dérapage survient au moment où l'Algérie fournit d'énormes efforts pour lutter contre le radicalisme rampant et tente de propager un Islam ouvert dans sa pratique, « qui permet une cohabitation saine entre toutes les religions ». Il estime, dans ce contexte, que l'Algérie est considérée comme une référence dans le monde dans la défense de l'Islam authentique, celui de Cordoue, qu'elle essaie de diffuser, non seulement sur son territoire, mais aussi à l'étranger. C'est dans ce sens là, rappelle-t-il, qu'une convention a été signée entre son département et le ministère de l'Intérieur français. « Nous avons diffusé l'Islam authentique en Allemagne à sa demande ainsi qu'en France. Et nous collaborerons avec toutes les autorités qui partagent notre conviction. Notre but est de ne pas laisser les jeunes, les nouveaux convertis notamment, à la merci des réseaux radicaux, tels Daech et ce, en leur inculquant les vraies valeurs de notre religion. Notre démarche engage une concertation pour renouer avec le juste milieu », indique-t-il. Reste que Mohamed Aïssa a signalé que son institution ne peut empêcher les « dérapages » via les réseaux sociaux. « Mais nous pouvons, à travers le projet de loi relative à l'orientation religieuse qui sera prêt en 2019, lutter contre ceux qui instrumentalisent l'islam pour leurs intérêts personnels. Il ne faut pas oublier que les dérapages sont virtuels et n'ont aucune assise réelle », estime-t-il. Interpellé sur le projet d'une académie de la fetwa qui tarde à voir le jour, le ministre explique que son institution prendra du temps pour mettre en place cette institution, car il faudra recruter les compétences qu'il faut, les imams muftis, entre autres, au niveau de chaque wilaya. Et son rôle, ce n'est pas de prononcer des sanctions contre les dérapages mais de les jauger après débats par des experts, des spécialistes et des scientifiques. Sa mission sera aussi de défendre l'Islam et si dérapage il y aura, elle pourra saisir la justice. Interpellé également sur le mouvement terroriste l'état islamique en Irak et au Levant communément appelé Daech, le ministre fait savoir que le recrutement de plus de 2.000 jeunes en France pour le compte de cette organisation, s'est fait d'une façon virtuelle, en dehors des mosquées. Aïssa a mis en garde, par ailleurs, contre les plateaux de télévision qui accueillent des radicaux alors qu'ils ne maîtrisent pas les discours religieux. Il pense, dans ce contexte, qu'il faut sélectionner les médias habilités à traiter les sujets religieux sans tomber dans les dérapages.