La déclaration de Hamadache a soulevé une vague d'indignations Le président du Mouvement populaire algérien s'est joint aux ministres Grine et Louh pour condamner l'appel au meurtre de Hamadache. Les réactions indignées se multiplient après que l'imam salafiste Abdelfatah Hamadache ait lancé un appel au meurtre contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud. Cette fois c'est au tour du ministre de la Communication, celui de la Justice et le président du Mouvement populaire algérien (MPA) de dénoncer fermement cet appel à l'exécution de l'écrivain. En effet, le ministre de la Communication Hamid Grine a condamné cet acte, en déclarant: «Je condamne toute menace contre tout citoyen et évidemment contre Kamel Daoud. Je condamne toute forme de violence écrite ou verbale.» Il a également ajouté: «Je suis pour la culture de la tolérance, du dialogue et de l'échange.» Concernant la plainte déposée par l'écrivain contre son pourfendeur, M.Grine a souligné que «la justice algérienne est souveraine et laissons-la faire son travail en toute indépendance». De son côté, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière à l'APN jeudi, a indiqué: «Il faut consacrer l'Etat de droit en Algérie. Si quelqu'un se sent victime d'un préjudice il peut déposer une plainte devant la justice.» Pour sa part, Amara Benyounès, le président du MPA, a souligné dans un communiqué: «C'est avec une grande consternation, mais aussi avec une immense révolte et beaucoup d'inquiétude, que nous avons pris connaissance des déclarations criminelles d'un imam politique. Qui s'en prend violemment au journaliste et écrivain Kamel Daoud, dont il réclame rien moins que la mort.» «Cet appel au meurtre est intolérable et appelle une réaction immédiate et énergique», ajoute le communiqué. A cet effet, le MPA condamne «avec la plus grande vigueur ces propos criminels et leur auteur, sans doute nostalgique de la décennie noire où de tels discours ont produit la tragédie nationale». Le parti politique «exprime sa sympathie au journaliste et écrivain, Kamel Daoud, lui fait part de sa solidarité pleine et entière et le conforte dans sa décision de saisir la justice». Pour rappel, Hamadache qui dirige le Front de l'éveil islamique salafiste (un parti non reconnu), a appelé mardi dernier sur sa page Facebook les autorités algériennes à condamner à la peine capitale l'auteur du roman Meursault, contre-enquête, et l'exécuter en public. Hamadache a considéré que le finaliste du dernier prix Goncourt «mène une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l'Islam». Il le juge coupable du crime d'apostasie, passible de la peine de mort aux yeux de la loi coranique. La déclaration de Hamadache a soulevé une vague d'indignations, notamment sur les réseaux sociaux, et a réveillé le douloureux souvenir des années 1990. Facebook, des journalistes et militants des droits de l'homme ont lancé une pétition, appelant les autorités à traduire devant la justice l'auteur de la fetwa. La pétition, signée par des milliers de personnes, appelle les ministres de la Justice et de l'Intérieur à «enclencher des poursuites contre ces appels au meurtre qui nous rappellent les pires moments de l'Algérie face au GIA». «Nous condamnons avec force les appels au meurtre public de Abdelfatah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien». Suite à cet appel au meurtre, Kamel Daoud a déposé une plainte auprès du tribunal d'Alger. Enfin dans la seule interview accordée à une télévision, France 24, Kamel Daoud a confirmé le dépôt de plainte et s'est étonné du dérapage de Hamadache. «De quel Islam parle-t-il? Sur l'Islam de la paix et de la lumière ou sur l'Islam wahhabiste qui autorise les massacres et les égorgements?» s'interroge l'intellectuel algérien. Le silence intrigant de Mohamed Aïssa Au moment où le ministre de la Communication Hamid Grine, le ministre de la Justice Tayeb Louh, et le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, s'exprimaient en tant que responsables sur l'affaire de l'appel au meurtre lancé par l'imam salafiste Abdelfatah Hamadache contre le journaliste et écrivain Kamel Daoud, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, premier concerné par ce dérapage venant d'un islamiste, n'est pas encore intervenu, alors qu'il donnait signe d'un ministre de culte progressiste. Le ministre était avec le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, lors de sa visite jeudi dernier en Algérie. M.Aïssa et Cazeneuve ont signé une convention pour que des imams algériens envoyés en France puissent être formés, mais a oublié de s'exprimer sur cet appel au meurtre d'un imam salafiste contre le finaliste du dernier prix Goncourt au moment où le ministre français a condamné à partir d'Alger les propos anti-musulmans d'Eric Zemmour, qui a évoqué dans le journal Italien Corriere Della Serra la déportation des musulmans de france.