Logiquement, lorsque la demande dépasse l'offre, le prix des produits augmente par rapport à son cours réel. A priori, des exceptions échappent à ce principe, si on prend comme exemple les tarifs des fruits et légumes proposés sur la RN11, notamment sur la section allant de Bou-Ismail à Douaouda. Des vendeurs de produits maraichers et autres marchandises occupent les abords de la route, particulièrement à proximité des couronnes périurbaines de Bou-Ismail, Fouka-Marine et Douadoua-Marine. Généralement, les produits proposés, telles que la pomme de terre et les bananes, sont moins chers que ceux mis en vente dans les marchés. Cela peut s'expliquer, à première vue, par la faiblesse des coûts, mais ce n'est pas souvent le cas. « J'ai acheté 10 kg de pomme de terre d'une bonne qualité à 40 DA le kilogramme. C'est une aubaine pour moi » confie un client rencontré à la sortie est de la ville de Bou-Ismail, là où des marchands ambulants improvisent des carrés de vente de fruits et légumes. « A la différence du marché, ici la plus petite unité, lorsqu'il s'agit de pomme de terre, est cinq kilogrammes et non pas un seul. Autrement dit, on table sur la quantité pour augmenter les bénéfices. C'est le principe de vendre plus pour gagner plus » explique un autre client. « De nombreux usagers de la route préfèrent faire leur marché chez nous et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, les prix sont abordables et ensuite ils perdent moins de temps comparativement aux marchés » argumente un vendeur. Pour attirer la clientèle, les vendeurs de la RN11 utilisent une astuce presque infaillible. Ils affichent de grandes pancartes en carton où sont écrits des prix très attractifs qu'on remarque de loin. « Lorsqu'on affiche un prix de 120 DA le kilogramme de bananes, rares sont ceux qui ne s'arrêtent pas » avoue un usager de la route. « Il m'arrive des fois de m'arrêter pour acheter un produit et, au final, je repars avec pleins de sachets » confie un client. Si pour le commun des clients qui fréquentent ces petits marchés improvisés, les produits exposés sont moins chers qu'ailleurs, il est des vendeurs opportunistes, profitant de cette réputation, qui affichent des prix très élevés. « Il faut toujours demander les prix avant de passer commande, car certains et ce n'est pas tout le monde, peuvent vous réserver des surprises au moment de passer à la caisse » conseille un vendeur de dattes. Outre les vendeurs ambulants, on rencontre, sur la RN11, des vieux et des enfants proposant de la galette et des herbes. « J'ai une petite retraite et je n'arrive pas à nourrir convenablement ma famille. Pour boucler les fins de mois difficiles, je vends de temps à autre des galettes et des herbes comestibles que je cueille moi-même dans les champs des environs » confie un septuagénaire. Quoi qu'il en soit, en attendant de consolider le réseau des marchés de fruits et légumes par de nouvelles places, la prolifération de la vente parallèle ne risque pas de s'estomper de sitôt.