L'élection présidentielle du 17 avril 2014 a été l'évènement politique majeur de cette année. Et pour cause, l'éventualité ou pas d'une candidature du président de la République sortant a tenu en haleine la scène politico-médiatique des mois durant. Les supputations sont allées bon train durant l'hospitalisation de Bouteflika en France. Le suspense fut levé lorsque le Premier ministre a annoncé le 22 février la candidature du chef de l'Etat. Six candidats étaient en lice sur les douze ayant constitué et déposé leurs dossiers de candidature au niveau du Conseil constitutionnel. Il s'agit de Abdelaziz Bouteflika, de l'ex-chef du gouvernement, Ali Benflis, du président du Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, de la SG du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, du président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, et de Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54. Deux candidats, en l'occurrence Sofiane Djilali de Jil Jadid et l'ex-Premier ministre, Ahmed Benbitour, ont retiré leur candidature. Plusieurs partis politiques, à l'instar du FLN, du RND, de TAJ et du MPA, ont annoncé leur soutien au président Bouteflika. Les chefs de ces partis se sont joints au directeur de campagne de Bouteflika, en l'occurrence Abdelmalek Sellal, pour animer la campagne électorale. Certains ont soutenu Benflis alors que le RCD, le MSP et le Mouvement Ennahda ont appelé au boycott de cette élection. Le taux de participation à cette élection a été de l'ordre de 51,70%. Le président Bouteflika a été élu pour un quatrième mandat avec 81,53% des suffrages. Profitant du mécontentement de certaines personnalités politiques, les partis de l'opposition ayant tourné le dos au scrutin présidentiel, à savoir le RCD, le MSP, Jil Jadid, Ennahda, le Front pour la justice et la démocratique (FJD), ainsi que Ahmed Benbitour ont créé la Coordination pour le changement et la transition démocratique. Après plusieurs réunions, ces partis ont pris la décision de contacter tous les acteurs politiques et de les inviter à assister à la conférence nationale qui s'est tenue à Zéralda pour présenter une plateforme de propositions au premier magistrat du pays destinée à instaurer une période de transition. Ces contacts ont été entamés avec le FFS, et des personnalités politiques comme Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali Ali Benflis et l'ancien président de la République Liamine Zeroual. Lors de la conférence tenue le 7 juin à Zéralda, il a été question de discuter d'un processus de transition démocratique pacifique et des modalités de révision de la Constitution. Justement, la révision de la Constitution a été le projet le plus attendu de cette année. En 2011, le chef de l'Etat a annoncé une série de réformes politiques concrétisées à travers l'amendement de plusieurs lois dont la loi sur les partis politiques, le régime électoral, la représentation des femmes dans les assemblées élues, le cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire, la loi sur les associations et celle relative à l'information. L'amendement constitutionnel devrait couronner l'ensemble de ces changements avec l'objectif final d'asseoir une assise politique et une pratique démocratique solide. En 2014, le chef de l'Etat s'exprimait sur le sujet en affirmant le maintien de cette démarche avec les deux phases de consultations élargies menées par Abdelkader Bensalah puis Ahmed Ouyahia. Des consultations qui ont permis au chef de cabinet à la Présidence d'établir une synthèse de propositions au chef de l'Etat. « L'Algérie s'y prépare sérieusement, en se basant sur les résultats de larges consultations organisées à cet effet en vue d'associer toutes les catégories sociales pour dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l'efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles », a déclaré le chef de l'Etat lors d'un discours lors de la conférence scientifique africaine sur « l'évolution du droit constitutionnel en Afrique », tenue en novembre dernier à Alger. Ayant appelé à la révision de la Constitution, la Coordination pour le changement a changé de stratégie en réclamant une élection présidentielle anticipée. Un changement qui a soulevé des critiques de toute part. La révision de la loi fondamentale a également inspiré le FFS qui a décidé de se retirer de la coordination et de lancer sa propre initiative pour un consensus national. La formation d'Aït Ahmed a pris attache avec plusieurs formations politiques et personnalités nationales pour les convaincre de participer à la conférence nationale du consensus. Un travail de proximité a été également mené par les militants et cadres du parti pour sensibiliser l'opinion nationale sur l'importance de ce projet. La direction du FFS a tenu, ainsi, des rencontres avec tous les partis politiques. Si beaucoup de partis ont salué cette initiative et montré leur disposition au dialogue à l'instar du parti El Karama, de TAJ et du PLJ, d'autres se sont montrés scepticiques en avançant « les lignes rouges » à ne pas franchir, comme la remise en cause de la présidentielle ou des institutions élues. Les initiatives des uns et des autres ont creusé un peu plus le fossé entre les partis. La probable révision de la Constitution, en 2015, permettra-t-elle à la classe politique de s'entendre sur le minimum requis ? 2015 sera bien l'année de tous les défis.