Hamid Karzaï, le président sortant et candidat à la présidence afghane, succédera probablement à lui-même, dès la publication officielle des résultats du scrutin du 20 août dernier. Après le dépouillement de 75% des bureaux de vote, il est proche des 50% des voix qui lui permettront de l'emporter dès le premier tour. La commission électorale indépendance (IEC) qui donne au compte-gouttes des résultats partiels de la présidentielle afghane depuis le 25 août ne sait plus quoi annoncer. Après avoir annulé une conférence de presse, prévue samedi, elle annonce le report à une date indéterminée de la proclamation des résultats préliminaires portant sur 100% des bureaux de vote, promis pour hier, au plus tard pour aujourd'hui. «Je ne sais pas quand elle aura lieu», déclare Marzia Seddiqi, son porte-parole prétextant des «problèmes techniques». Motif réel de ce report inexplicable : Abdullah Abdullah conteste les résultats partiels qui donnent une sérieuse avance à Hamid Karzaï. Le dernier, celui d'hier qui porte sur 74,1% des bureaux de vote, confirme la tendance affichée par les premiers. Le chef de l'Etat sortant reste en tête avec 48,6% des votes. «Ils seraient entachés de fraudes à grandes échelles», affirme son principal adversaire, qui est arrivé loin derrière avec 31,7% des voix. Comme pour soigner son image ternie par certaines accusations pour ses penchants pour le président-candidat, la commission a annulé pour fraude, les résultats de 447 bureaux de vote dans les fiefs de Karzai. Sûr de lui, l'ancien ministre des Affaires étrangères fait savoir aux Afghans et aux forces militaires de la coalition internationale, à pied d'œuvre en Afghanistan pour «chasser» les Talibans et El Qaïda qu'il refusera tout compromis avec le président sortant et qu'il n'acceptera pas le résultat final de ce scrutin s'il est dicté par des fraudes. «C'est du cinéma», estiment certains analystes soupçonnant l'ex-ministre de chercher à se frayer» un destin national en apparaissant comme le leader d'une opposition. Selon eux, une victoire dès le premier tour consolidera le pouvoir de Hamid karzai en place depuis 2001, arrangera beaucoup de monde, et permettra «sitôt le résultat final de la présidentielle annoncé» aux deux rivaux de se retrouver pour chercher une solution politique pacifique. Les observateurs électoraux afghans et étrangers qui ont signalé ces «irrégularités» et noté les plaintes (plus de 2000) craignent des violences populaires à l'issue de ce scrutin qui est présenté comme «une pièce maîtresse de la stratégie régionale» du président américain Barack Obama. Comme les dirigeants occidentaux, il doit justifier l'engagement militaire et financier de son pays face aux Américains, y compris des démocrates de plus en plus rétifs. Lundi dernier, un sénateur américain a demandé pour la première fois une date de retrait d'Afghanistan où les Talibans reprennent du poil de la bête au point de contrôler près de 70% du pays. Joe Biden, le vice-président et de Jones, le conseiller de sécurité nationale du président, ne sont plus enthousiastes pour l'élargissement de cette guerre où les Américains pourraient s'enliser comme au Vietnam.