Jan Eliasson, vice-secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Peter Sutherland, représentant spécial du secrétaire général pour les migrations internationales et le développement, et William Swing, directeur général de l'Organisation internationale des migrations, estiment à l'unanimité nécessaires les efforts énergiques pour remédier à « ce qui apparaît comme une tendance effroyable en matière de traite d'êtres humains ». Et pour cause ! Le trafic de migrants et l'abandon de grands cargos par les trafiquants ont entraîné la mort de 3.000 personnes rien que pour l'année 2014, contre 700 l'année précédente. Vendredi dernier, les gardes-côtes italiens ont pris le contrôle d'un bateau en perdition. Le navire, qui transportait 450 migrants, a été abandonné par son équipage. Deux jours auparavant, les mêmes gardes-côtes ont sauvé un cargo à bord duquel se trouvaient des centaines de migrants. Jan Eliasson, qui a salué samedi les efforts de la marine italienne et noté le besoin urgent d'examiner les causes profondes du phénomène, soutient que les Etats doivent assumer leur responsabilité. « Pour assurer la protection des migrants et leurs droits humains », insiste-t-il, précisant que « le système des Nations unies continuera ses efforts de concert avec les gouvernements concernés, l'OIM et d'autres parties prenantes, afin de répondre aux défis que représentent les migrations à travers le monde ». Vincent Cochetel, directeur du bureau Europe du HCR, explique, pour sa part, que l'utilisation des cargos représente une nouvelle tendance « qui ne peut plus être ignorée par les gouvernements européens ». « Il faut de toute urgence une action concertée européenne en Méditerranée. Il faut aussi accroître les efforts pour sauver les gens en mer et fournir des alternatives légales à ces voyages dangereux », dit-il. La tragédie prend désormais des proportions dangereuses : les « passeurs » utilisent des cargos-poubelles et n'hésitent pas à abandonner en pleine mer des populations qui fuient la guerre et la misère. Entre 1993 et 2006, on dénombre 7.000 morts, conséquence de flux migratoires vers l'Europe. Des chiffres qui ne traduisent pas la réalité, car il ne tiennent pas compte des disparus en mer et de ceux qui sont jetés par-dessus bord. Depuis quelque temps, les « marchands de rêves assassins » n'utilisent plus de petites embarcations mais des navires pour « gagner » plus. A 5.000 dollars le passage pour être sur le pont et 2.000 dollars pour voyager en cale, le commerce s'avère juteux. Après le marché de la drogue, le marché des clandestins ? Selon les estimations d'Europol, pas moins de 300.000 Africains cherchent à émigrer clandestinement en Europe. L'an passé, près de 160.000 migrants clandestins ont foulé le sol italien. Depuis le 30 décembre, 150 personnes ont été secourues au large de l'Espagne.