L'année 2014 vient de s'achever. Quel bilan dressez-vous, Monsieur le Premier ministre, sur les plans politique, économique et social ? L'année 2014 a été riche en évènements et en réalisations. Notre pays a organisé avec succès l'élection présidentielle où le peuple souverain s'est largement exprimé en faveur des options de paix, de stabilité et de renouveau économique et social portées par son Excellence Abdelaziz Bouteflika, et que le gouvernement s'est immédiatement attelé à concrétiser. Le pays a vu la réalisation de plusieurs projets socio-économiques qui ont amélioré la situation des Algériens, bien qu'il est nécessaire de faire davantage. La plupart des indicateurs macro-économiques ont progressé positivement à l'instar du PIB qui est passé de 4.123 milliards de dinars en 2000, à 16.496 milliards de dinars en 2013 et à 17.647 milliards de dinars en 2014. Je citerai aussi, pour illustrer mon propos, la montée en cadence du programme de logements (321.500 réalisés et 311.300 distribués en 2014), le soutien au pouvoir d'achat du citoyen, l'abrogation de l'article 87 bis, le soutien à la production nationale par le rétablissement du crédit à la consommation, la réception de plusieurs structures de soins notamment les centres anti-cancer et l'entrée en production des usines de véhicules touristiques de Tlélat, de véhicules tout-terrains de Tiaret et de camions de Rouiba, etc. Quelles sont les mesures et les démarches que compte entreprendre le gouvernement pour faire face à la baisse des prix du pétrole ? Quels sont les secteurs qui seront touchés par les mesures d'austérité et que comptez-vous faire pour préservez les catégories sociales démunies ? La baisse brutale des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux a induit une réaction rapide du gouvernement pour évaluer les impacts de ces fluctuations et élaborer des scénarios budgétaires permettant la poursuite du développement économique du pays et le maintien de l'effort de l'Etat dans les secteurs importants. Suite à la réunion restreinte du 23 décembre 2014 présidée par le chef de l'Etat, des mesures précises de réajustement ont été prises et devront connaître une mise en œuvre diligente pour la réalisation du programme quinquennal d'investissements, la rationalisation de la dépense publique, la maîtrise du commerce extérieur et des flux de capitaux ainsi que la dynamisation et le développement des secteurs de l'industrie, de la pétrochimie, de l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Je tiens à préciser, à ce titre, que les chantiers de diversification de l'économie nationale, de modernisation des services publics et d'amélioration d'exécution de la dépense publique ont été engagés bien avant les replis du marché mondial des hydrocarbures. A titre d'exemple, il a été enregistré, grâce au renforcement des moyens de réalisation et à l'amélioration du management des projets, une progression de 28% de l'exécution de la dépense d'équipement passée de 1.873 milliards de dinars en 2013 à 2.400 milliards de dinars en prévision de clôture 2014. De même, les directives de son Excellence le président de la République étaient très claires s'agissant de l'impératif de maintien de l'effort de l'Etat en matière d'action sociale et de poursuite des programmes dans les domaines du logement, de la santé, de l'éducation, des services de l'eau et de l'énergie et de tout ce qui concourt au bien-être des citoyennes et des citoyens. La jeunesse demeure, elle aussi, un axe prioritaire de l'action des pouvoirs publics. Les différents mécanismes et dispositifs d'aide à l'emploi et à la création d'activités par les jeunes promoteurs sont maintenus car ils donnent d'excellents résultats. On note ainsi pour les dispositifs Ansej, Cnac et Angem et par rapport à 2013, des progressions de 17% du nombre de dossiers financés, de 51% des montants des crédits bancaires accordés et de 20% en termes de création d'emplois (262.194 contre 153.165). Je rassure, également, que la décision de différer les recrutements de la Fonction publique dans certains domaines non prioritaires ne concernera pas des secteurs socioéconomiques importants comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé, où est prévu, au contraire, un renforcement de l'encadrement. La dernière instruction adressée aux membres du gouvernement et aux walis traitait justement de cette question. En résumé, il s'agit, sans ralentir le rythme du développement socio-économique, d'adopter une démarche préventive et prudentielle qui pérennisera la solidité de l'économie nationale et lui évitera tout recours à des ressources financières extérieures en cas d'étalement dans le temps de cette séquence baissière des prix des hydrocarbures. 2015, qui va coïncider avec le lancement du plan quinquennal 2015-2019, s'annonce difficile. Que compte faire le gouvernement pour garantir les financements nécessaires pour mener à bien les projets inscrits dans ce plan ? La politique budgétaire et financière conduite sous l'autorité du chef de l'Etat en Algérie depuis plus d'une décennie a consolidé ses indicateurs macro-économiques, notamment en matière de dette et de réserves de change, et lui donne aujourd'hui une marge de manœuvre économique appréciable. En 2015, nous comptons accélérer la transformation et la diversification de notre économie en nous appuyant sur un outil de planification (le plan quinquennal 2015-2019 en lancement) et sur un cadre de concertation et de dialogue (le pacte national économique et social pour la croissance signé avec le patronat et les partenaires sociaux en février 2014 et enregistré au niveau de l'Organisation internationale du travail). Notre objectif est d'opérer la mue de notre économie vers la production et la création de richesse pour réaliser une croissance annuelle de 7% et maintenir la baisse du taux de chômage passé de 29,8% en l'an 2000 à 9,8% en 2014. L'entreprise nationale, publique et privée, est au cœur de cette démarche. Elle continuera à bénéficier du soutien de l'Etat par les mesures de facilitation de l'acte d'investissement, d'incitation fiscale, d'amélioration de l'offre foncière et de financement des projets où nous travaillerons à la promotion du marché national des capitaux et à l'encouragement des crédits à l'économie qui ont progressé significativement en 2014, notamment en faveur du secteur privé. Les performances économiques du pays sont positives et peuvent être substantiellement améliorées. Nous avons le potentiel pour réaliser une croissance plus forte et durable, mais il nous faut d'abord nous départir du pessimisme ambiant. Nous devons avoir de l'ambition pour le pays et nous projeter dans le futur en valorisant nos avantages et atouts et en opérant les réformes nécessaires. Dans un contexte international tendu politiquement et économiquement, je ne doute pas de la capacité des Algériens à relever, ensemble dans la solidarité et la fraternité, ce formidable challenge. On doit tous se mobiliser, faire cesser la gabegie et croire en notre destin. Notre pays a des capacités formidables : la vitalité de son économie, la jeunesse de sa population et la crédibilité et la constance de position de ses gouvernants doivent conduire l'Algérie naturellement à être un pays émergent et un acteur international sur lequel ont doit compter. Aux plans régional et international, notre pays est entouré de plusieurs foyers de tension exacerbée notamment au Mali et en Libye. Peut-on espérer en 2015 un aboutissement des efforts de l'Algérie qui est déjà engagée dans la recherche de solutions pacifiques dans ces deux pays ? Les évènements qu'ont connus la région arabe et le Sahel ont confirmé la pertinence des positions de l'Algérie. La paix et la stabilité constituent le socle indispensable de toute avancée démocratique ou développement socio-économique, de même que seule la volonté souveraine et indépendante des peuples peut engendrer le progrès et la paix dans le monde. Dans un contexte tendu et bouleversé, l'Algérie défendra ses acquis issus de la politique de réconciliation nationale et approfondira son processus irréversible de démocratisation. Elle poursuivra sa lutte implacable contre le terrorisme et ses efforts de sécurisation de ses frontières. Le bon déroulement de l'élection présidentielle en Tunisie, dont l'Algérie se félicite, est un signe positif pour le retour de la paix dans la région et a confirmé les vertus des processus politiques pacifiques. Notre pays soutient et soutiendra tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins dans le respect de la légalité internationale, du principe de non-ingérence et de l'intégrité territoriale de ces pays.