Au-delà des aspects festifs et culinaires, Yennayer est cette fête qui constitue un socle. De la famille, d'abord, qu'elle réunit autour d'un couscous frugal. De la nation ensuite, qu'elle unit autour de ses valeurs séculaires. « Il suffirait de rechercher, d'inventorier et d'approfondir auprès des personnages âgées, dans nos contes, nos légendes, nos adages, et l'on décèlera à coup sûr des valeurs qui, si elles étaient mises en pratique intelligemment, ne manqueraient point de nous faciliter l'édification d'une société cohérente, en paix avec elle-même », disait, pour définir Yennayer, un vieil homme aujourd'hui décédé. Même s'il est possible de rencontrer des gens qui connaissent peu ou prou cet évènement, il est difficile de trouver quelqu'un qui ne le fête pas. Et ce, aussi loin que l'on remonte dans le temps. Yennayer est aussi un repère identitaire plus qu'une simple culture tant les anciens le fêtaient avec plus de faste qu'aujourd'hui. Il n'était pas seulement pour eux un repère dans le temps mais aussi un moyen de montrer leurs différences aux envahisseurs qui ont de tout temps convoité les terres nourricières de ce vaste pays, jadis grenier à blé de Rome. Mais aussi d'afficher leur identité. Dans une contribution sur Yennayer, un ancien ministre mettra justement en avant cet aspect identitaire : « Yennayer demeure pour nous une fête pleine de symboles et... de fierté, parce que nous appartenons à cette ethnie dont les vrais musulmans disent beaucoup de ‘‘bonnes choses‘‘ qui réfutent tous les commentaires désobligeants, s'ils venaient à exister, concernant cet événement traditionnel qui, encore une fois, n'est pas païen. » Yennayer est donc un des symboles autour duquel s'articule notre identité séculaire. Il est aussi ce jour annonciateur de la fertilité. Yennayer représente un patrimoine immatériel et un élément de l'identité nationale.