Au moment o� l�Alg�rie officielle c�l�brait avec faste la culture arabe, l�Alg�rie profonde, quant � elle, f�tait modestement, mais avec beaucoup de certitude et d�attachement des populations locales � leurs traditions, l�arriv�e du premier jour de Yennayer 2957. C�est le cas des villes d�A�t-Amrane et Ammal � l�est de la wilaya de Boumerd�s. Dans la premi�re agglom�ration, c�est la Maison de jeunes, qui, sur instruction de la DJS de la wilaya, s�est anim�e ce jeudi permettant aux responsables de concocter un programme comprenant des expositions de livres, d�habits et d�ustensiles m�nagers amazighs. Enfants et adolescents ont �t� convi�s � �couter deux conf�renciers. Boucetta Rabah, militant du Mouvement culturel berb�re (MCB), a retrac�, en tamazight classique, bri�vement, les r�sultats du combat pacifique pour l�av�nement de tamazight langue, culture et civilisation. P�dagogue, Kheddam Mohand Oubelkacem, inspecteur d�histoire, retrait� de l�Education nationale, a usit� d�un arabe litt�raire accessible aux adolescents scolaris�s pour relater l��pop�e du roi amazigh Sheshnaq I au Moyen-Orient, �pop�e qui sert de r�f�rence aux sp�cialistes pour �laborer le calendrier amazigh. L�orateur pr�cisa comment, sans livrer de bataille militaire, ce souverain a d�fait, en l�an 957 avant J-C, la 22e dynastie pharaonique d�Egypte avant que lui-m�me et sa descendance r�gnent sur cette contr�e pendant 350 ans. �Vos anc�tres ont �t� parmi les fondateurs de ce que, actuellement, des Egyptiens appellent fi�rement �Misr Oum Eddounia�, dit-il devant des jeunes qui n�en revenaient pas d�apprendre tant de choses sur la contribution des peuples amazighs � l�enrichissement de la civilisation humaine autour de la M�diterran�e. Ces peuples vivent depuis la nuit des temps dans tout le nord africain (Libye, Tunisie, Alg�rie, Maroc et Mauritanie), termine le conf�rencier. A l�issue de ces interventions et du d�bat, des g�teaux traditionnels et des fruits ont �t� servis. Comme le veut la tradition de Yennayer, les invit�s se sont r�gal�s d�un couscous au poulet. Dans l�apr�s-midi, � l�invitation de MM. Cheref et Abed, respectivement pr�sident des associations Assirem (espoir) et Taghmath (fraternit�), les deux conf�renciers se sont dirig�s vers la ville d�Ammal. Au centre culturel, le P/APC, Douda Ali, �lu du FLN, a ouvert la s�ance en pr�sentant ses v�ux aux invit�s et � ses administr�s. Boucetta Rabah, qui est �galement membre fondateur de la Coordination nationale des arouch et membre de la direction nationale du RCD, usant � titre p�dagogique d�un tamazight acad�mique, a fait devant un auditoire de jeunes de la localit� une r�trospective de combat politique pour le recouvrement de l�identit� du peuple alg�rien. Il a ensuite d�crit la mani�re de la c�l�bration de ce jour de l�an amazigh � travers le territoire national, notamment la mani�re singuli�re des anciens Tlemc�niens qui le f�taient pendant 7 jours, chaque journ�e �tait consacr�e � une frange sociale de la soci�t� tribale de l��poque. Il s�est f�licit� que cette c�l�bration fasse une timide entr�e dans les institutions de la R�publique. A force d�arguments, puis�s dans le contenu de ses travaux de recherche lui ayant servi � r�diger son livre intitul� Donn�es essentielles sur la civilisation amazigh, M. Kheddam, fr�re du c�l�bre chanteur Ch�rif Kheddam, s�est mis dans la position d�historien pour d�mystifier les concepts culturels �trangers � notre culture. �Contrairement aux id�es re�ues, c�est l�Afrique du Nord amazigh qui a enrichi par ses connaissances l�Orient�, affirme l�orateur devant des jeunes avides de d�couvrir la v�ritable place qu�occupaient leur pays et leurs anc�tres dans la construction des civilisations ant�rieures. Il revient sur la mani�re presque pacifique de la prise du pouvoir du roi Chechena en Egypte. �Cette prise de pouvoir a �t� rendue possible par la pr�sence tr�s nombreuse, la preuve scientifique a �t� faite, des amazighs dans tous les secteurs d�activit�s dans l�Egypte des Pharaons. N�oublions pas que ce sont eux �galement qui ont fond� la mosqu�e d�El Azhar et qui ont financ� les bourses des premiers �tudiants�, expliquera-t-il. M. Kheddam, dont les convictions pour une v�ritable identit� nationale d�pouill�e de l�aspect id�ologique ne sont pas un secret pour ceux qui le c�toient, a conclu son intervention par cette remarque : �Dans notre pays, dissocier l�amazighit� de l�arabit� ou l�arabit� de l�amazighit� est un non-sens. Ce sont deux s�urs jumelles qui se compl�tent et l��chec de l�une est n�cessairement subi par l�autre.� Le d�bat qui s�en �tait suivi a r�v�l� que la jeunesse a le sens des responsabilit�s et reste attentive � la culture de leur pays. Pour peu que ceux qui veulent transmettre le message identitaire fassent fi des tentations d�endoctrinement id�ologique et font montre de tol�rance � l�endroit de toutes les facettes de notre riche patrimoine culturel, les jeunes seront r�ceptifs et d�s lors pr�ts � revendiquer leur citoyennet�. C�est au premier magistrat de la commune qu�est revenu l�honneur de cl�turer cette conf�rence. Les deux associations organisatrices des festivit�s ont marqu� cette journ�e par un concert qui a dur� jusqu�au d�but de la nouvelle ann�e 2957. Abachi L. Tizi Ouzou : dans la pure tradition berb�re Comme de coutume chaque ann�e � la m�me date, Tizi- Ouzou a vibr�, jeudi pass�, au rythme des festivit�s marquant la c�l�bration du jour de l�an berb�re qui co�ncide avec le 12 janvier du calendrier gr�gorien. En plus de l�habituel rituel et individuel propre � chaque foyer et des diverses associations qui ont tenu � marquer l��v�nement � travers tout le territoire de la wilaya, la maison de la culture Mouloud-Mammeri, qui s�est mise pour la circonstance dans ses beaux habits, drapeaux et fanions d�ploy�s, s�est distingu�e en s�imposant comme l�un des principaux points d�attraction pour le Yennayer de cette ann�e 2957. En effet, cette journ�e, qui a cl�tur� la semaine culturelle organis�e � l�occasion et qui durait depuis dimanche pass�, a �t� riche en couleurs et activit�s, une sorte de fin en apoth�ose. Le public et les visiteurs qui ont afflu� en tr�s grand nombre ont eu droit � une mosa�que de manifestations culturelles et des comm�morations symboliques propres � cet �v�nement telles que l�gu�es par nos lointains a�eux, c'est-�-dire dans la pure tradition berb�re et ce, m�me si la troupe des Idhebalen, les troubadours, annonc�e pour �gayer encore plus la pr�sence a fait finalement d�faut. La manifestation a �t� caract�ris�e par une grande pr�sence d�exposants venus des multiples horizons de la wilaya, � l�image de l�Association des activit�s de jeunes de la maison de jeunes de Tizi n�Tl�ta et Anza de Boudjima� qui ont invit� les visiteurs � une longue et profonde randonn�e � travers les multiples facettes du patrimoine culturel berb�re, comme les habits et les costumes traditionnels, la poterie, les arts culinaires, le miel pur kabyle, les tableaux� Aux environs de 13 h, un copieux repas, un succulent couscous garni de poulet, comme le veut la tradition ancestrale, a �t� servi � tout le monde. Les enfants de l�association culturelle Aghenjour du village Takoucht de Bouzgu�ne ont assur�, pour leur part, une chorale et pr�sent� une pi�ce de th��tre, avant de c�der le tour � un d�fil� de mode, �uvre de Mmes Aouiche et Himeur, respectivement artisane et membre de la Maison de l�artisanat de Tizi- Ouzou. La journ�e a pris fin avec une conf�rence anim�e par M. Bentaleb articul�e autour du th�me �Yennayer : origines et caract�ristiques�. Le conf�rencier est remont� jusqu�� l�Antiquit� pour tenter d�expliquer les origines et les motivations qui ont pr�values � l�instauration d�un jour de l�an et d�un calendrier berb�re bas� sur l�agriculture. Parmi toutes les th�ses pos�es par les chercheurs, l�orateur dira que �celle relative au roi Chachnack, qui a renvers� le pouvoir des pharaons pour occuper une tr�s vaste surface y compris l�Egypte et la Palestine, est la plus cr�dible comme la r�f�rence dans le calendrier berb�re�. Pour lui, tous les envahisseurs et les diverses colonisations qui sont pass�es par la Numidie ont tent� d�accaparer ce symbole. �Un pilier qui, non seulement, d�montre l�existence d�une civilisation exclusivement berb�re mais qui l�illustre aussi dans toute sa grandeur. Comme il y a une �re chr�tienne et islamique, il y en a une berb�re�, dira t-il, mais en vain . �C�est pourquoi f�ter aujourd�hui Yennayer repr�sente un acte de militantisme�, a-t-il d�clar� encore, car selon lui, �des vell�it�s et un d�sir d�effacement de cette f�te, ou du moins sa minimisation, sont clairement visibles�. Il en veut pour preuve la c�l�bration et l�ouverture le m�me jour de la semaine du film amazigh � Tlemcen par le pr�sident de la R�publique sont assez illustratives. Certains dans la salle n�ont pas manqu� de rench�rir que la programmation d��Alger, capitale de la culture arabe� n�est pas fortuit non plus et ob�it � une volont� d�lib�r�e d��touffer l��v�nement. L�assistance a eu � �couter par la suite une interpr�tation de la symbolique de tout ce qui a trait � Yennayer et de tous les rites que les anc�tres organisaient � l�occasion avant l�ouverture d�un d�bat qui a �t� tout aussi fructueux que la communication elle-m�me. R. A.
Bouira : un riche programme mais... A Bouira, m�me si pour cette ann�e le mouvement associatif, driv�, il est vrai, par le pr�sident de la Coordination des associations culturelles amazighes et n�anmoins d�l�gu� du mouvement citoyen, faisant partie de la d�l�gation interwilaya qui est en pourparlers avec le gouvernement, en l�occurrence Dja�fer Abdedou, a trac� un riche programme qui s�est �tal� sur trois jours avec plusieurs manifestations au niveau de la salle Errich au centre-ville. Il reste que le choix fait par la ministre de la Culture, de faire co�ncider cette date avec le lancement officiel des festivit�s d��Alger, capitale de la culture arabe�, a beaucoup d�teint sur l��v�nement. En effet, les festivit�s de Yennayer, qui avaient �t� lanc�es mercredi dernier en pr�sence du directeur de la culture de la wilaya, qui a coordonn� avec le mouvement associatif, ont �t� marqu�es par les observations r�p�t�es de tous les citoyens pr�sents qui n�arrivaient pas � s�expliquer le choix du lancement d��Alger, capitale de la culture arabe� avec Yennayer. D�aucuns pensent que le pouvoir a opt� pour cette date pour justement d�teindre sur la f�te de Yennayer afin de l�enterrer d�finitivement. Ainsi, toutes ces questions �tant maintes fois pos�es, le pr�sident de la Coordination des associations amazighes s�est vu oblig� d�intervenir, jeudi lors de la conf�rence donn�e par le chercheur Aziri Boudjema�, membre du HCA, sur l�origine de Yennayer et sa symbolique, pour se d�marquer de l��v�nement qui se jouait au m�me moment � Alger. Dja�fer Abdedou a toutefois rappel� que le mouvement est pour l��mancipation de toutes les cultures du monde, pour peu que le pouvoir donne de l�int�r�t � la culture amazighe. Cela �tant, pour les f�tes de Yennayer, les activit�s organis�es au niveau du chef-lieu par la Coordination des associations amazighes en collaboration avec la Direction de la culture ont �t� un succ�s total. En sus d�une exposition retra�ant l��v�nement du jour, il y a eu des r�citals de po�sie, des pi�ces th��trales, une conf�rence ainsi qu�un gala anim� par des artistes de la r�gion connus pour leurs succ�s durant les f�tes de l��t�, comme Kamel Channane, Ali Chikhi et autres. Notons, enfin, qu�un couscous traditionnel a �t� offert aux invit�s apr�s la conf�rence. A rappeler que la f�te de Yennayer, � l�exception de quelques communes comme M�chedallah (APC-RCD) o� des galas furent organis�s, n�a gard� comme symbolique que le traditionnel plat de couscous au poulet au niveau des foyers.