Outre celui de la Grande-Bretagne, l'Algérie bénéficie également du soutien d'un autre allié dans la lutte contre le payement de rançons aux terroristes. Les Etats-Unis, en effet, par la voix du coordinateur de la lutte antiterroriste au Département américain, Daniel Benjamin, a condamné cette pratique lors d'une conférence de presse animée au Département d'Etat à Washington. «L'Algérie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont parmi les quelques gouvernements qui refusent de payer des rançons pour les otages», a-t-il souligné. «Le recours de l'AQMI aux enlèvements contre le payement de rançons pour assurer sa survie souligne l'urgence de couper cette source de financement. Quelque chose doit être faite pour aider les pays comme le Mali, la Mauritanie et d'autres dans la région. Obtenir un large accord sur une politique sans concessions des gouvernements des pays riches serait un très bon commencement pour mener à bien cette politique», a-t-il estimé en déplorant que des pays européens continuent à verser des rançons aux terroristes. Pour le premier responsable américain de la lutte contre le terrorisme, le non-paiement de rançons a « des coûts réels sur le plan des pertes humaines». «Certes, les terroristes peuvent tuer les otages, mais au fil du temps, s'ils voient que les pays ne paient pas de rançons, la fréquence des enlèvements de leurs ressortissants diminuera», a-t-il souligné en approuvant la position «franche» de l'Algérie à l'égard de la politique de non-versement de rançons. «Nous ferions bien de tenir compte de son message», conclut-il. Les Etats-Unis ont répondu donc favorablement à l'appel de l'Algérie qui a incité, lors de la deuxième revue par l'ONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue en septembre à New York, les Etats à respecter la résolution 1904 adoptée par l'ONU en décembre 2009, criminalisant le payement de rançons. Une pratique qui a rapporté aux terroristes plus de 50 millions d'euros auxquels s'y ajoute un montant de 100 millions d'euros sous diverses formes. Le tarif de base pour la libération d'un otage, avait affirmé Kamel Rezag Bara, conseiller du président de la République, avoisine les 5 millions d'euros. L'ALGÉRIE, UN EXEMPLE À SUIVRE Avec le soutien des USA, un allié de taille, il y a de fortes chances que d'autres pays adhèrent à la position de l'Algérie qui dispose, selon les Etats-Unis, d'une grande volonté politique de lutter contre le terrorisme et une grande expérience que «nous voulons tous acquérir.» D'autant plus que les USA sont déterminés à aller jusqu'au bout dans leur politique de lutte antiterroriste qui leur fait débourser, rien que dans la région subsaharienne, jusqu'à 150 millions de dollars par an. Par ailleurs, les Etats-Unis peuvent faire pression, non seulement sur les pays européens, mais également sur l'ONU pour combler les «insuffisances» du cadre juridique dans le domaine de la lutte contre le financement du terrorisme, comme signalé par l'Algérie. Notre pays avait effectivement affirmé que le cadre juridique autour de cette question ne semble pas contenir les éléments d'un système suffisamment efficace pour faire face aux défis complexes induits par ce phénomène. D'où la nécessité, avait-il recommandé, d'améliorer le dispositif juridique international de lutte contre le terrorisme à travers l'adoption d'une résolution spécifique du Conseil de sécurité des Nations unies. Une résolution qui devrait renfermer une disposition juridique plus contraignante que celle figurant dans sa résolution 1904, incriminant aussi bien le paiement de rançons que la libération des détenus pour activités terroristes en contrepartie de la libération d'otages ainsi d'ailleurs qu'une procédure de rappel à l'ordre contre les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements dans la lutte contre le financement du terrorisme. Ainsi, en adhérant à la cause de l'Algérie qui a toujours appelé à la criminalisation du payement de rançons aux groupes terroristes, les USA confirment une fois de plus leur position envers notre pays qu'ils considèrent comme «leader» en matière de lutte contre le terrorisme. «Nous n'avons pas l'intention de déployer des troupes en Algérie car nous avons confiance dans les capacités de l'Algérie. Mais nous sommes prêts à lui fournir toute l'assistance», avait assuré Daniel Benjamin lors de sa visite à Alger au mois de juillet dernier.