La France sort grandie de la douloureuse épreuve qui a fait 17 morts, par-delà l'approche ségrégationniste instituant la différentiation communautaire et confessionnelle des victimes. Dans cette France de la laïcité, unie par le drame de Charlie Hebdo et du supermarché, il est pour le moins étrange de vivre la double cérémonie de recueillement rendue à la préfecture de Paris par le président François Hollande en hommage aux trois policiers, « Clarissa, Franck, Ahmed... morts pour que nous puissions vivre libres », élevés, à juste titre, au rang d'officiers de la légion d'honneur, et à Al Qods, inhumant les 4 « juifs français » qui ne sont pas israéliens en présence de Ségolène Royal en représentante de la France. La tragédie parisienne fera-t-elle le lit du projet cher à Netanyahu s'invitant à la marche républicaine, battant campagne pour le retour des « juifs français » en Israël et multipliant les signes d'appartenance confessionnelle : le recueillement sur les lieux de la tuerie du supermarché casher, la visite des écoles juives ? Mais, à l'heure du combat planétaire, le défi colossal interpelle la France qui « n'en a pas terminé avec les menaces ». Du port d'attache de Toulon, le porte-avions Charles-de- Gaule, prêt à appareiller pour l'océan Indien, en passant par le Golfe, a accueilli Hollande présentant ses vœux aux armées engagées dans le combat contre Daech. La réponse exceptionnelle, voulue par le Premier ministre Emmanuel Valls et confortée par l'Assemblée, complétant l'arsenal législatif, mobilise des milliers de militaires et de policiers déployés pour parer à la menace de nouveaux attentats. D'« éventuels complices », révélés par Valls, courent les rues. L'enquête en cours tente de lever le voile sur les ramifications de la nébuleuse désormais incrustée au cœur de l'Europe. La confirmation par la Turquie de la surprenante fuite, via son territoire, de la compagne d'Amedy, Hayet Boumediène, renseigne sur les zones d'ombre qui entourent le drame parisien. En outre, l'arrestation d'un Français, originaire de Tahiti et converti à l'Islam il y a 15 ans, confirme la filière turque utilisée par le dénommé Fritz-Joly Joachin, visé par un mandat d'arrêt européen émis par la France pour « participation à un groupe criminel armé », et arrêté le 1er janvier par la Bulgarie, partageant une longue frontière (275 km) avec la Turquie. Il est soupçonné de liens avec Chérif Kouachi, même s'il se défend, lors d'une audience judiciaire, d'être « un terroriste » ou un « radical ». Le suspect français a accepté le principe de son extradition, et la justice bulgare doit prendre, ce vendredi, une décision. L'Europe face à ses « djihadistes » ?