« Les négociations vont être longues et compliquées. Je ne m'attends pas à une percée, ni demain ni après-demain. Notre idée de base est de dire que nous ne prendrons pas de décisions, nous ferons des propositions susceptibles d'être acceptées par tous les Libyens », prévient, juste avant le début de la réunion, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye. « A la suite de la première rencontre, appelée Ghadamès 1, tenue en septembre 2014, on a décidé d'élargir le cercle des participants à ces entretiens », ajoute-il avant d'évoquer les objectifs de ce 2e round. Le premier est d'« arriver à un accord politique acceptable par tous les Libyens, en respectant les acquis de la révolution du 7 février et les institutions ». Le second est de « mettre fin aux combats, car la Libye est en train de sombrer dans le chaos ». « On se bat pour les institutions, les gouvernements, la présidence des sociétés publiques, et en outre, il y a un chaos provoqué par l'insécurité militaire », dit-il. « Il faut éviter le chaos total, car il pourrait avoir des répercussions au-delà du pays, en Méditerranée, au Moyen-Orient, au Sahel, voire en Europe », indique le diplomate onusien qui a convié en Suisse une quarante de personnes. Essentiellement parmi les deux gouvernements et les deux Parlements qui se déchirent pour le pouvoir et le pétrole. Des personnalités de la société civile et des ministres des gouvernements provisoires précédents ont été aussi invités. Parmi ces derniers, cinq assisteront aux discussions comme facilitateurs. Selon l'ONU, les pourparlers seront basés sur « le respect de la légitimité des institutions de l'Etat et le rejet du terrorisme ». Pour « sécuriser un retrait progressif de tous les groupes armés de toutes les grandes villes, dont Tripoli », « créer un environnement propice au dialogue et à la formation à court terme d'un gouvernement d'unité » qui « puisse jouir d'un large soutien », Leon a proposé un « gel des opérations militaires pour quelques jours ». « Il est extrêmement important (...) d'arrêter les combats afin que ce dialogue politique puisse commencer sur de bonnes bases », a expliqué récemment le patron de la Misnul. L'Algérie appuie ce dialogue Des observateurs estiment que ces pourparlers « indirects » auront du mal à aboutir. Abdallah al-Thenni, le chef du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a profité, lundi dernier, d'une réunion de la Ligue arabe, rappellent-ils, pour exhorter les Occidentaux à lui fournir des armes pour combattre la menace grandissante des djihadistes terroristes. « La communauté internationale mène une offensive contre les djihadistes de l'Etat islamique en Syrie et en Irak, mais en Libye, seul l'Etat, avec l'armée, combat les groupes terroristes et il ne reçoit aucune aide », a déploré al-Thenni. Et d'ajouter : « Nous craignons une infiltration en Libye des membres de l'Etat islamique si l'étau se resserre sur eux en Syrie et en Irak en raison des frappes de la coalition anti-djihadistes. » Ni le général Khalifa Haftar ni Fajr Libya, la coalition formée de milices islamistes, n'ont été invités. Les deux ne refusent pas seulement l'adieu aux armes mais ne croient pas en l'ONU. Si Fajr Libya accuse l'ONU de vouloir « internationaliser » le conflit, le général à la retraite ne cesse de lancer des opérations militaires pour reprendre Benghazi. L'Algérie, qui joue un rôle important dans la résolution du dossier libyen, a réaffirmé, mardi, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, que la solution en Libye devrait être « politique ». « Il faut un dialogue avec tous ceux qui sont prêts à répudier la violence, ceux qui sont prêts à accepter l'ordre, à favoriser un système démocratique où l'alternance serait une règle du jeu essentielle », a indiqué Lamamra dans une interview à la Radio France Internationale. Abdelakader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a, dans une déclaration à l'APS, indiqué que l'Algérie « encourage » les parties libyennes à participer « loyalement et de bonne foi » au projet de réunion inter-libyenne sous les auspices de l'ONU. Les deux ministres algériens estiment qu'il ne faut pas pratiquer l'exclusion. « Il n'y a que les groupes terroristes, du moins identifiés comme tels, qui s'excluent d'eux-mêmes de tout processus politique. » « Cette réunion constitue une occasion d'exploration des différentes possibilités de solutions pacifiques » de la crise libyenne face à la montée des inquiétudes, régionales et internationales, à propos de la situation sécuritaire dans le pays, a estimé, hier, le politologue Mhand Berkouk dans une déclaration à l'APS. Et de mettre en garde contre « toute ingérence étrangère ou intervention militaire dans le pays », sous couvert de combattre « le terrorisme et l'expansion des éléments de Daech ».