L'Algérie a enregistré près de 16 milliards de dollars de flux financiers illicites en dix ans, selon le dernier rapport du cabinet américain Global Financial Integrity (GFI) intitulé « Flux financiers illicites issus des pays en développement : 2003-2012 », publié le 16 décembre dernier. C'est en moyenne 1,575 milliard de dollars de fuite des capitaux par an. Ainsi, l'Algérie a été classée à la 46e place sur 151 pays concernés par ce fléau, précise la même source. Ces fuites ont augmenté crescendo avec 490 millions de dollars enregistrés en 2003, pour atteindre progressivement 2,259 milliards de dollars en 2006, 3,378 milliards de dollars en 2008 et 3,172 en 2009. Pour l'année 2012, dernière année ciblée par le recensement des actes de transfert illégal, ce sont 2,620 milliards de dollars qui ont été transférés d'Algérie au détriment du développement de la croissance, de l'emploi, et du bien-être de la population. Le gouvernement vient d'installer deux groupes de travail au siège du ministère du Commerce avec l'objectif de réduire ce phénomène. Le premier groupe, installé au niveau du ministère du Commerce, est chargé d'élaborer les actions à prendre pour assurer une meilleure gestion et la rationalisation des achats à l'extérieur. Le second, composé de représentants du ministère du Commerce et des deux administrations douanière et fiscale, a pour mission de suivre d'une manière « rigoureuse, précise et permanente » toutes les transactions qui concernent le commerce international, a rapporté l'APS. Dans le monde, l'Afrique subsaharienne est la région qui souffre le plus de la fuite des capitaux en termes de rapport au produit intérieur brut (PIB), note le rapport. Les flux illicites ont représenté 5,7 % du PIB de la région en 2011. Entre 2002 et 2011, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a enregistré la plus grande croissance des flux financiers illicites (31,5 % en moyenne par an), suivie de l'Afrique subsaharienne avec 19,8 % en moyenne par an. Dans les pays en développement, ils auraient atteint 946,7 milliards de dollars en 2011. Ce montant est en progression de 13,7 % par rapport à 2010 et de 250 % par rapport à 2002, selon le GFI. Entre 2002 et 2011, l'étude de GFI estime que les pays en développement ont perdu un total de 5 900 milliards de dollars : sociétés écran anonymes, paradis fiscaux et blanchiment d'argent ont drainé presque 1.000 milliards de dollars des pays les plus pauvres du monde en 2011. En tête du classement, la Chine qui enregistre 1.250 milliards de dollars entre 2003 et 2012, suivie de la Russie avec 973 milliards de dollars et le Mexique avec 514 milliards de dollars, selon le rapport de GFI. Les autres pays où les fuites des capitaux sont les plus importants sont l'Inde, la Malaisie, l'Arabie saoudite, le Brésil, l'Indonésie, la Thaïlande et le Nigeria.