Un bel hommage aux mots et à la parole a été rendu, samedi dernier, à Alger, à la galerie d'arts Farid Benyaa, par l'auteure, Yamilé Ghebalou, à travers la lecture de son dernier recueil de poésie « Les yeux lumineux », un ouvrage qui orne délicatement le silence qui prélude l'appréciation. Aidée de la voix éloquente de l'écrivain et cinéaste Abderrahmane Djelfaoui, Yamilé Ghebalou a donné vie à ses textes, près d'une heure et demie durant, devant une assistance, venue à la Galerie Farid-Benyaa, s'abandonner dans les méandres des mots. « Science des rêves », « Alchimies », « Le rire de l'oiseau », « Intime ô chant », « Phénix », « Broderies », « Soif encore », « Ma force », « L'art du sourcier », « Composite », « Présence », « Aveu d'enfance », « Eternité », « Diffuse tendresse », ou encore « Vérité des poètes » figurent parmi les nombreux titres de cette exploration onirique dans l'univers du « vocable ». « ‘'Les yeux lumineux'' est une mise en valeur poétique de la présence et la puissance des mots, lorsqu'ils sont en liaison notamment, se livrant à des échanges sémantiques inédits », explique la poétesse. Fait de petites strophes qui ouvrent des champs féconds dans l'imaginaire, le dernier opus de Yamilé Ghebalou accentue davantage la quête du mot juste et de l'expression sincère. Accompagnant les deux poètes qui alternaient leurs lectures, les frères Bouchakour, Walid à la guitare et Massine à la flûte, ont brillé de maîtrise et d'imagination à travers un répertoire de musique du terroir algérien savamment travaillé. Dotées d'une distribution musicale ouverte sur l'orchestration polyphonique, des mélodies traditionnelles kabyles et andalouses ont été rendues, grâce aux deux frères virtuoses, dans le registre classique universel. Arpèges, contre chant, basses, envolées phrastiques, accompagnement en tierces, le tout joué en sourdine, les frères Bouchakour ont su faire corps avec les poésies déclamées, contribuant à créer des atmosphères paisibles, favorables à la méditation. Parce que la poésie a besoin de plusieurs voix qui la portent, l'intervention inopinée d'une spectatrice parmi l'assistance, en l'occurrence Mme Malika Boukhelou, universitaire à Tizi Ouzou, se proposant de lire quelques passages poétiques de l'auteure, a été bien accueillie et très appréciée. A l'issue de la prestation, Noureddine Saoudi, également présent, a, pour sa part, été convié pour enchanter le public de sa voix limpide, au vibrato constant dans une ambiance relâchée soumise à la beauté des standards de la musique andalouse. Yamilé Ghebalou, qui s'est « donnée le temps de mûrir son œuvre pour en extraire la quintessence », comme elle aime l'expliquer, est poète et écrivaine, qui explore « les berges incertaines des textes cryptés et lumineux ». Avant « Les yeux lumineux » sorti janvier en cours, elle a publié trois recueils de poésie chez la même édition « Hibr » à Alger de Smaïl M'Hand « Kawn », (2006) « Demeures du bleu » (2009) et « Présence » (2011). Egalement romancière et nouvelliste, son premier roman « Liban », publié aux éditions Chihab, a reçu, en 2010, le Prix Tahar-Djaout en Algérie. « La poésie est une aventure singulière et intérieure qui tente de déporter le regard de l'évidence vers le mystère » a-t-elle confié. Par ailleurs, Farid Benyaa, qui aura accueilli une centaine de poètes dans sa galerie, a confié, à l'APS, qu'il « s'est consacré, ces derniers temps, à sa nouvelle collection, ce qui explique cette légère absence ». « Ma prochaine exposition sera pleine de couleurs et suggérera des portraits avec la présence subtile de l'algérianité, dans une sorte de synthèse entre le monde intérieur et la réalité extérieure ».