Poésie n Mme Yemilé Haraoui Ghebalou, enseignante à l?université d?Alger au département d?interprétariat, a présenté à la Bibliothèque nationale son dernier né : Kawn. Kawn est un recueil de poèmes paru aux éditions Dahlab ; «des poèmes nés d?une activité intime et vitale» et qui renvoient à une sensibilité rendue publique en images et en impressions. «Parler d?un livre, c?est parler de soi», affirme Yemilé Haraoui Ghebalou, qui dit être venue à la poésie à la suite d?un long cheminement. Elle se révèle, se raconte en effet à travers des mots, ses mots qui décrivent une existence, la sienne, des expériences vécues, des sensations ressenties, des souvenirs remémorés. En fait, toute sa poésie est inspirée et organisée autour de thèmes. «Mes sources d?inspiration ne sont pas au sens romantique du terme, c?est plutôt un processus plus long où il y a de la décantation, de la réflexion, en somme du travail», explique-t-elle. Un travail sur la langue, les mots, le style? Et d?ajouter : «Il y a d?abord l?observation de la nature.» Sur ce, elle explique que la nature dans sa diversité végétale et son rapport avec l?étrangeté (la nature est pour elle comme pour nombre de poètes quelque chose de mystérieux) l?a aidée à composer son espace poétique. «Il y a ensuite le chaâbi qui, même s?il n?est pas perceptible, reste présent dans chacun de mes poèmes», poursuit-elle. À cet effet, elle ne manque pas d?avouer sa fervente admiration pour les ténors de cette musique, à l?instar de Bouâdjadj et de Kamel Messaoudi. Enfin, Mme Yemilé Haraoui Ghebalou évoque son troisième espace de création : «Ce sont mes lectures coraniques où les personnages rapportés sont des images fortes et frappent l?imagination.» Elle cite, à titre d?exemple, le prophète Youcef (que la paix soit sur lui). Ces images, selon elle, alimentent l?imaginaire, stimulent et cultivent la création. Vient s?ajouter à cela une autre source d?inspiration, «c?est le quotidien, c?est ce que nous avons vécu lors de la dernière décennie comme tragédies», dit-elle. Sur le plan de la forme et de la composition, la poésie de Yemilé Haraoui Ghebalou se veut libre, affranchie des règles ; c?est un travail qui s?est fait cependant sur les assonances pour conférer au poème une certaine musicalité et plus de rythme. Il y a aussi un travail autour des mots, des images pour rendre le texte substantiel, relevé. A la question portant sur le choix du titre, elle dira que c?est un mot auquel elle tient, car il renvoie à la beauté. «Kawn, un mot arabe, veut dire cosmos, et l?univers renferme des résonances mythiques. L?on ne peut ainsi vivre sans mythes», explique-t-elle, ajoutant, par ailleurs, que «le cosmos entretient un rapport avec l?existence, la création». Il est à souligner que les poèmes sont accompagnés d?une calligraphie exécutée par Tahar Haraoui, son mari, qui dira que chaque représentation correspond au mieux au poème dit.