Le troisième gazoduc acheminant du gaz algérien à l'Europe, le Medgaz, va être inauguré fin novembre. le ministère de l'Energie et des Mines se prépare à cet événement qui devra réunir des responsables des deux côtés de la Méditerranée. C'est, en tout cas, ce que nous a déclaré un responsable à Sonatrach, principal partenaire dans ce projet. Ce dernier n'a pas fini d'aller de report en report puisqu'il a été annoncé initialement à fin 2009, puis repoussé au 1er trimestre 2010. On avait même prévu des livraisons de gaz, dès septembre de cette année, puis octobre… Outre les formalités liées à la constitution des actionnaires impliqués dans la société pilotant le projet, plusieurs raisons sont invoquées dans ce retard. Il s'agit de « lenteurs enregistrées dans les travaux d'installation des stations de compression et d'interconnexion avec le système espagnol», selon l'ancien ministre de l'Energie. Medgaz a une capacité initiale de transit de huit milliards de mètres cubes par an. Le gazoduc acheminera le gaz naturel directement depuis Beni Saf, sur la cote algérienne, jusqu'à Almeria, en Espagne. Le groupe algérien Sonatrach est actionnaire majoritaire du projet avec 36%, les espagnols Cepsa, Iberdrola (20% chacun) et Endesa (12%), et Gaz de France-Suez avec 12%. Sonatrach devra vendre annuellement près de 3 milliards m3 de gaz directement sur le marché espagnol, soit deux fois plus qu'actuellement. Medgaz, long de 1.050 km dont 550 km en territoire algérien et 210 km en mer, a coûté 900 millions d'euros. La mise en service de Medgaz intervient dans un contexte de baisse du niveau des prix du gaz sur les marchés et de l'entrée en concurrence de gaz schistes dits non conventionnels. En plus du renforcement des capacités de ceux déjà existants, l'Algérie a prévu d'autres gazoducs comme le Galsi, qui aura à servir le marché italien via la Sardaigne et le territoire corse éventuellement. Ce dernier sera de la même capacité que le Medgaz soit 8 milliards de m3. 62 milliards de m3 sont aujourd'hui exportés sur le marché européen et la concurrence des pays tels la Russie, le Qatar ou l'Iran ne fait pas peur à l'Algérie dont les responsables estiment qu'il y a «de la place pour tout le monde» et la demande européenne en gaz sera toujours conséquente. A titre d'exemple, la Russie, outre les pays de transit, peut assurer sa présence sur le marché allemand et l'Algérie sur celui de l'Espagne. A partir de ce schéma, on pense qu'il y a non pas seulement une concurrence entre les divers pays fournisseurs mais tout bonnement « une complémentarité dans l'approvisionnement énergétique de l'Europe ». Cela dit, les objectifs de l'Algérie est d'atteindre 85 milliards m3 par an d'ici 2012, comme l'avait expliqué l'ancien ministre de l'Energie. Quand bien même les contrats gaziers sont à long terme, c'est-à-dire signés pour un objectif de 15 années, il ne faut pas oublier, toutefois, que le marché européen est semé d'embûches réglementaires de toutes natures. A la question des prix, sujets à des conflits d'interprétation qui se perdent dans de longues procédures d'arbitrage comme on l'a vu avec les Espagnols viennent se greffer les redoutables mesures dites de souveraineté. L'introduction de taxe remet en cause la stabilité et la viabilité de ce type de projet. Celle-ci «n'est pas prise en compte dans l'étude de départ du projet comme Medgaz», avait confié l'ex-ministre à un journal russe. Mais l'Algérie n'a apparemment pas l'intention, dans sa politique gazière de mettre tous ses œufs dans un même panier, elle réserve une bonne partie de la production à la liquéfaction, confie-t-il, s'adaptant ainsi à la mobilité du marché à travers la vente de cargaisons en Corée, aux USA ou ailleurs, là où la demande est présente.