Le différend gazier opposant la Sonatrach à Gas Natural s'invite de nouveau dans les discussions officielles entre responsables algériens et espagnols. Le ministre espagnol de l'Industrie du Tourisme et du Commerce, Miguel Sebastien, s'est entretenu, hier à Alger, avec le ministre de l'Energie et des mines, Youcef Yousfi. Selon le quotidien électronique TSA qui cite une source du ministère de l'Energie et des mines, les discussions entre les deux ministres ont porté notamment sur le gazoduc Medgaz, le prix du gaz algérien vendu à l'Espagne ainsi que la décision récente, en faveur de la Sonatrach, de la Cour d'arbitrage international de Paris (France) dans le conflit opposant la compagnie algérienne au groupe espagnol Gas Natural. Selon la même source, " même si l'Algérie a procédé récemment à la mise en gaz du Medgaz, le gazoduc ne pourra être opérationnel avant que la partie espagnole n'accélère l'indemnisation de la Sonatrach et solutionne définitivement les problèmes liés au prix du gaz qui sera vendu aux Espagnols à travers le Medgaz ". Le 17 août dernier, la Cour d'arbitrage de Paris avait statué en faveur de la Sonatrach dans le conflit l'opposant depuis 2007 à l'espagnol Gas Natural sur le prix du gaz livré en Espagne. Gas Natural contestait les hausses de tarifs du gaz naturel appliquées à partir de 2007 par la Sonatrach, qui fournit environ le quart du gaz consommé en Espagne à travers le gazoduc Maghreb-Europe. La compagnie ibérique devra payer rétroactivement quelque 1,97 milliard de dollars à la compagnie algérienne à la suite de cet arbitrage. En septembre dernier, Youcef Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines, a rencontré à Alger le ministre espagnol de l'Industrie et du Commerce, Miguel Sebastien, avec lequel il a abordé le projet Medgaz. Le projet, dont la mise en service initiale, était prévue en 2009, livrera à l'Espagne environ 8 milliards de m3 de gaz par an et devrait augmenter les exportations gazières algériennes et partant sécuriser l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel. L'entreprise algérienne Sonatrach est autorisée, dans le cadre de ce projet, à commercialiser prés de 3 milliards de m3/an directement sur le marché espagnol au lieu d'un milliard de m3/an imposé auparavant par la Commission nationale espagnole de l'énergie (CNE), l'organisme régulateur du secteur en Espagne. D'une capacité de 8 milliards de m3 de gaz par an, ce gazoduc est long de 1.050 km dont 550 km en territoire algérien et 210 km en mer. Le projet a coûté 900 millions d'euros. Sonatrach est majoritaire, à 36 %, dans le consortium Medgaz constitué également de Cepsa et Iberdola, à 20 % chacune, et Endesa et Gaz de France, à 12 % chacune. Des dispositions contractuelles permettent à Sonatrach de vendre annuellement prés de 3 milliards de m3 directement sur le marché espagnol, soit deux fois plus qu'actuellement. Pour rappel, l'Algérie est le premier fournisseur de gaz naturel de l'Espagne, devant le Nigeria et le Qatar. Medgaz est un projet international et multidisciplinaire qui offre la voie la plus directe et la plus économique d'approvisionnement en gaz naturel dans le sud de l'Europe. Medgaz contribuera à garantir l'approvisionnement d'une énergie propre, tel que le gaz naturel, à un prix plus compétitif, impliquant plus de bénéfices pour le consommateur final. D'un coût total estimé à 900 millions d'euros, ce gazoduc a une capacité initiale de 8 milliards de m3/an, extensible par la suite à 16 milliards de m3/an. Le Medgaz reliera Béni Saf (sur la côte algérienne) à Almeria (sur la côte espagnole). Il sera alimenté depuis le centre national de dispatching gaz de Hassi R'mel. Ce gazoduc est une canalisation d'un diamètre de 24 pouces de transport de gaz naturel qui traversera la mer Méditerranée et unira l'Algérie à l'Europe via l'Espagne. Il est d'une profondeur de plus de 2.000 mètres. Avec les 8 milliards de m3 qui seront acheminés en 2010 par le gazoduc Medgaz, et les 7,7 milliards de m3 qui représentent l'augmentation de capacités des gazoducs déjà existants entre l'Algérie et l'Europe, ce sont pas moins de 15 milliards de m3 qui viendront s'ajouter aux capacités exportées actuellement par le pays. L'Algérie ambitionne de porter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 en 2011, contre 63 milliards actuellement.