Le mouvement de protestation contre l'exploitation de gaz de schiste s'est durci depuis dimanche à In Salah. Hier, la ville a été totalement paralysée. Les citoyens ont pris part, hier matin, à une marche organisée dans la principale artère du centre-ville. Ils se sont ensuite dirigés vers le siège de la daïra où ils ont décidé d'y tenir un sit-in jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. « Nous poursuivons la protestation à travers des actions de rue et le gel total de toutes les activités commerciales et administratives », a indiqué, hier, Abdelkader Bouhafs, un des coordinateurs du mouvement. Selon lui, les populations d'In Salah attendent « l'annonce officielle de la fermeture définitive du forage d'Ahnet, situé à 25 km de la ville d'In Salah. Ils réclament des garanties et ne croient plus aux paroles », a-t-il ajouté. Le wali de Tamanrasset s'est rendu dimanche à In Salah pour s'entretenir avec les habitants à travers leurs représentants. « Il ne nous a pas convaincus. Il n'avait pas de décision officielle quant à la fin des travaux du forage », a précisé Bouhafs. A In Salah, les travaux d'exploration du gaz de schiste sont effectués dans trois endroits différents. Mais la polémique concerne surtout le forage situé à 25 km du centre-ville et qui constitue, selon les dires des habitants, une menace sur eux. « Nous avons écouté le Premier ministre au cours de son intervention à la télévision mercredi soir. Il a affirmé que l'Algérie ne procédera à l'exploitation du gaz de schiste qu'en 2022. Mais sur le terrain, les travaux d'exploration se poursuivent non loin du centre-ville. Cette situation n'est pas rassurante pour les habitants qui demandent des éclaircissements officiels sur ce forage », a-t-il soutenu et d'ajouter : « nous demandons donc l'arrêt immédiat des travaux sur ce forage qui doit être fermé et nettoyé. C'est la seule chose qui peut rassurer les populations qui ne sont pas près de céder ». Les protestataires évoquent aussi la nécessité de mettre en place une commission technique chargée du suivi de ce dossier au sein de laquelle ils auront leurs représentants. Comme au premier jour du mouvement, les protestataires ont scandé des slogans hostiles à l'exploitation du gaz de schiste. « Nous nous sommes adressés au président de la République. Nous avons aussi prié Dieu pour nous protéger contre ce qui va suivre », a-t-il indiqué. Abbès Bouamama, sénateur d'Illizi, a estimé que le retour de la protestation et avec cette intensité n'est pas de bon augure. « Il faut œuvrer à trouver une solution à ce problème à travers un dialogue constructif capable de convaincre les populations sur l'arrêt des travaux sur ce forage très proche du centre-ville », a-t-il estimé. Pour lui, l'Etat algérien ne doit pas laisser le terrain vide au risque d'être exploité par d'autres parties qui veulent du mal à la région. « Il faut faire attention car le pourrissement risque d'avoir des effets fâcheux », a-t-il prévenu.