Addis-Abeba fait renaître l'espoir de voir enfin le règlement du conflit qui ravage le Soudan du Sud. Le président Salva Kiir et son opposant, l'ancien vice-président Riek Machar, ont signé, dimanche dernier, après quatre jours de négociations laborieuses dans la capitale éthiopienne et en marge du 24e sommet de l'Union africaine, un accord de paix visant à mettre fin aux hostilités qui se poursuivent dans le pays depuis décembre 2013. En vertu de cet accord, Salva Kiir restera président du pays et son adversaire sera renommé vice-président. Les deux hommes se sont engagés à respecter l'accord de cessez-le-feu signé en janvier 2014 et la matrice de novembre sur la formation d'un gouvernement de transition. « Nous attendons une complète cessation des hostilités au Soudan du Sud ce matin », a affirmé, hier à la presse, Seyoum Mesfin, l'envoyé spécial de l'Organisation des Etats de l'Afrique de l'Est (Igad) qui promet de signaler tout manquement à cet accord au Conseil de paix et sécurité de l'Union africaine et au Conseil de sécurité des Nations unies et de demander à ces deux institutions de prendre des « mesures sévères » contre leurs auteurs. « C'est un accord partiel que nous avons signé. Nous n'avons pas résolu certains des problèmes les plus critiques », soutient Riek Machar, tout en se montrant prudent. Selon ce dernier, des désaccords sur « la structure du gouvernement de transition » à mettre en place et le partage des responsabilités au sein de celui-ci persistent. Comme Salva Kiir, il espère que les négociations qui reprendront le 20 février permettront de parvenir à un accord définitif avant le 5 mars, dernier délai qui leur a été fixé par l'Igad. « Ce sera vraiment la dernière session de pourparlers parce que s'ils ne mettent pas fin à cette crise et s'ils ne parviennent pas à un accord final, il y aura paralysie constitutionnelle au Soudan du Sud car la Constitution de transition prévoit la désignation d'une assemblée en mars, la tenue d'élections dans le mois qui suit, afin qu'un gouvernement élu soit en place au plus tard le 9 juillet », explique Seyoum Mesfin. Selon des analystes, la plus jeune nation au monde, née en juillet 2011, ne souffre pas seulement d'un conflit politique et de leadership entre le Président et son ancien vice-Président, mais aussi entre certains antagonismes ethniques. Notamment entre les deux tribus, les Dinka et les Nuer, dont les racines sont à rechercher dans la guerre civile qu'elles ont menée contre Khartoum entre 1983 et 2005. Par ailleurs, des spécialistes craignent que la situation dégénère en génocide. Si cet accord, le septième que signent les deux hommes en un an sous la pression de l'Union africaine, a été salué par la communauté internationale, il n'en reste pas moins que son respect reste très aléatoire. Tous les cessez-le-feu conclus ont été violés dans les heures qui ont suivi. Selon l'ONG Oxfam, les combats au Soudan du Sud entre l'armée gouvernementale et les partisans de Riek Machar ont fait déjà plus de 1,9 million de déplacés et 479.000 réfugiés.