Photo: Fouad S. Le relèvement du SNMG sera le principal objet de concertation de la tripartite devant se tenir, selon le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, juste après l'Aïd. Les langues se délient et les avis pleuvent dès maintenant à propos de cette décision aussi importante que sensible. Du côté des partis politiques, le souci majeur demeure la préservation du pouvoir d'achat, tout en prenant en considération la donne économique du pays. Pour le Mouvement de la société pour la paix, le seuil minimum est déjà tranché. M. Mohamed Djoumaa, chargé de communication du parti, contacté par téléphone, indique que le parti d'Aboudjerra Soltani souhaite que le SNMG soit fixé à 20.000 DA. C'est tout à fait « faisable » selon lui. Partant du constat que ce dernier ne répond plus aux besoins des citoyens, notre interlocuteur affirme néanmoins qu'il est important de prendre en considération la situation économique du pays en optant pour un salaire qui « procure le minimum de dignité aux travailleurs » et qui soit « compatible » avec les prix pratiqués sur le marché. Le dernier mot, dira-t-il, revient au gouvernement et aux autres partenaires économiques et sociaux devant se réunir prochainement autour d'une table. Pour expliquer la position de son parti, M. Djoumaa déclare que si le pouvoir d'achat est faible, l'économie ne fonctionnera pas aussi. Ce qui s'appelle la relance par la demande. Le mieux c'est de songer à des solutions durables basées sur la création des richesses, poursuit M. Djoumaa qui estime qu'on ne peut pas vivre éternellement des recettes pétrolières et on ne peut pas continuer « à acheter la paix sociale avec l'argent du pétrole ». Du côté du RND, la vision est tout à fait différente, puisque selon M. Chiheb Seddik, vice-président de l'Assemblée populaire nationale et membre du bureau national du parti, il serait plus sage de laisser cette question aux gens « ayant pouvoir et droit », à savoir l'exécutif, les organisations patronales et les partenaires sociaux devant se réunir dans le cadre de la tripartite. M. Chiheb Seddik affirme cependant que le RND soutient cette éventuelle augmentation décidée par le chef de l'Etat et la nécessaire amélioration du pouvoir d'achat, tout en tenant compte, précise-t-il, d'un certain nombre de facteurs. Pour ce qui est du seuil minimum qu'il faudrait choisir, le vice-président de l'APN n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dire à l'adresse de ceux qui donnent d'ores déjà des appréciations à ce propos que cela « relève de la démagogie et la surenchère ». « Nous ne sommes pas des danseurs de ventre et nous refusons de faire dans le folklore. Il existe une volonté unanime qui se dégage aussi bien du côté de l'exécutif, du patronat ou de l'UGTA pour augmenter le SNMG qui ne répond plus aux besoins minimum des Algériens », tranche-t-il. S'agit-il cependant d'une augmentation symbolique ou conséquente ? De l'avis de M. Chiheb, « on ne peut pas faire dans la symbolique lorsqu'il s'agit d'une question aussi importante. L'augmentation sera sans nul doute raisonnable ». Du côté du FLN, le sujet va être prochainement soumis à l'administration du parti, fera savoir M. Saïd Bouhadja chargé de communication de cette formation contacté par téléphone. Notre interlocuteur refuse de donner un seuil approximatif sous prétexte que la question nécessite réflexion et concertation au niveau des hautes instances du parti. Cela ne l'a pas empêché de rappeler que le FLN est le parti ayant mené une grande bataille pour revaloriser les salaires et revoir les statuts particuliers des travailleurs. L'important pour le FLN, enchaîne-t-il, est de protéger le pouvoir d'achat des citoyens ayant un lien direct avec l'augmentation du SNMG. Pour atteindre le but souhaité, il faudrait aussi, d'après lui, mieux réguler le marché et surtout les prix. Dans le même contexte, M. Taazibt, député du PT et vice-président de l'Assemblée populaire nationale, appelle que le Parti des travailleurs s'est toujours battu pour un véritable salaire et un véritable pouvoir d'achat. A chaque présentation d'une loi de finances à la chambre basse, le parti de Louiza Hanoune, dira-t-il, revendique une augmentation du SNMG. Cependant, tient-il à préciser, l'Etat doit gérer « à lui seul » cette question, sans impliquer les employeurs qui font passer toujours leurs intérêts personnels. Il s'agit d'une donne à la fois politique et sociale devant être tranchée, d'après lui, par le gouvernement, seul habilité à mettre en œuvre un SNMG plutôt « correct ». Taazibt qui dit ne pas faire dans la surenchère fait savoir que le PT partage l'avis des spécialistes qui fixent le salaire minimum idéal à 35.000 DA, jusqu'à 50.000 DA et ce pour une famille de cinq membres. « Ce n'est pas une question idéologique. Ce seuil est faisable dans la mesure où cela permettra également de booster la production nationale. Nous ferons des propositions dans ce sens mais je précise que ce dossier relève des prérogatives de l'Etat », conclut-il.